LoiLATMP
TitreII LA NOTION DE LÉSION PROFESSIONNELLE: ART. 2, 25 À 31
Section2. Éléments constitutifs de la notion d'accident du travail: art. 2, al. 1
2.1 Événement imprévu et soudain
2.1.1 Notion
Titre du document2.1.1.2 Effort inhabituel ou soutenu, modification des tâches, méthode ou outil défectueux, conditions inhabituelles de travail.
Mise à jour2011-11-01


Lésions reconnues

Les difficultés éprouvées par la travailleuse dans l'exécution de ses fonctions en raison du matériel utilisé l'ont forcée à effectuer des mouvements inhabituels assimilables à la notion d'événement imprévu et soudain: Twinpak inc. et Beaulieu, [1990] C.A.L.P. 1029.

La modification des conditions de travail entraînant des gestes répétitifs auxquels la travailleuse n'est pas habituée peut être assimilée à un événement imprévu et soudain. Dérangement intervertébral mineur: Choinière et Camoplast inc., [1993] C.A.L.P. 1242.

Une surcharge de travail inhabituelle constitue un événement imprévu et soudain. La travailleuse, une aide-cuisinière, a subi une épicondylite en préparant seule et en une journée environ 250 pizzas, une activité qui normalement se déroule pendant deux jours: Cafétérias Montchâteau et Leclerc, [1998] C.L.P. 1289.

Un effort inhabituel (ayant causé une arthralgie métacarpo-phalangienne du pouce et du poignet gauche), nécessité par l'épluchage de fruits à raison de cinq heures par quart de travail pendant un mois et demi, peut être assimilé à un événement imprévu et soudain: Entr. Cara ltée et Boivin, [1998] C.L.P. 1330.

La notion d'événement imprévu et soudain ne peut être limitée à la survenance d'un fait accidentel. Elle doit s'étendre à des changements majeurs dans les conditions de travail. Le travailleur a changé de département et doit travailler penché pendant environ cinq heures par quart de travail et utiliser une «drille». La position de travail adoptée est non ergonomique et a entraîné l'entorse lombaire dont souffre le travailleur: Roussel et Novabus Corporation, 103871-61-9808, 99-01-18, M. Denis.

Épitrochléite. Manutentionnaire. Transport de paniers de pains d'environ 15 livres dans des camions et transfert des pains dans d'autres paniers. Des efforts inhabituels ou l'utilisation d'une mauvaise méthode de travail peuvent dans certaines occasions être assimilés à un événement imprévu et soudain. Le travailleur n'avait reçu aucune formation et utilisait une méthode qui l'obligeait à exercer un effort important des membres supérieurs: Lalande et Boulangerie Weston ltée, 101703-62-9806, 99-06-02, L. Couture.

Épicondylite. Une modification des tâches de la travailleuse l'obligeant à travailler sur un modèle de patins dont le plastique (qu'elle devait couper) était plus rigide qu'à l'ordinaire. D'autre part, elle devait fournir un effort alors que ses poignets étaient en position de pronation contre résistance, et ce, dans un contexte de répétitivité. Les douleurs sont apparues de façon contemporaine à la modification de sa tâche. Cette modification est assimilable à la notion d'événement imprévu et soudain: Bauer inc. et Vaudry, 109191-64-9901, 99-07-15, M. Montplaisir.

Syndrome du canal carpien bilatéral. La travailleuse, journalière sur une chaîne de production de poulets, a été affectée à un travail qu'elle n'avait pas effectué depuis six mois. De plus, en raison de divers autres facteurs, son travail était plus difficile. Les conditions inhabituelles dans lesquelles la travailleuse a eu à effectuer son travail durant cette période constituent un événement imprévu et soudain: Aliments Flamingo et Lepage, 111268-62A-9902, 99-10-29, J. Landry, requête en révision judiciaire rejetée, C.S. St-Jean-sur-Richelieu, 755-05-001412-996, 00-06-08, j. Viau.

Un effort soutenu sur une courte période de temps peut être assimilé à la notion d'événement imprévu et soudain. Le travailleur a subi une tendinite aux épaules à la suite d'un travail l'obligeant à garder les bras à la hauteur ou plus haut que les épaules alors qu'il assemblait des pièces d'avions à l'aide d'un fusil à percussion, travail qu'il a effectué pendant environ un mois: Bombardier inc. et Verdy, 101357-64-9806, 99-11-04, L. Turcotte.

Tendinite des extenseurs. Le travail de décrochage des pièces peintes de la chaîne de distribution ne demandait pas les mêmes efforts physiques que celui effectué en date du 20 mars 2000 alors que la travailleuse devait maintenir un fusil à bout de bras pour peindre des pièces défilant à raison de cinq pieds la minute. Les membres supérieurs ne sont pas mis à contribution de la même manière d'un travail à l'autre. La travailleuse a exécuté un travail inhabituel pour lequel elle a dû fournir un effort inhabituel et soutenu: Permafil ltée et Fournier, 148090-03B-0010, 01-02-28, M. Cusson.

Lombosciatalgie. Conductrice de camion au long cours. Un changement significatif dans les conditions de travail peut constituer un événement imprévu et soudain. Le nouveau siège qu'utilisait la travailleuse ne recelait pas autant de possibilités d'ajustement que l'ancien et modifiait considérablement la position de la conductrice par rapport aux pédales et à l'appui de son dos. Le changement de posture de conduite forcé par cette nouvelle configuration d'un équipement majeur a constitué pour la travailleuse une modification importante dans ses conditions de travail: Verreault et VTL Transport, 169414-64-0109, 02-02-05, J.-F. Martel.

Tendinite du sus-épineux. Préposée à l'entretien ménager. Augmentation du nombre de condominiums à nettoyer, passant de 7 à 16 condominiums par jour. Surcharge de travail: Station touristique Mont-Tremblant et Cusson, 162176-64-0105, 02-02-11, R. Daniel.

Diagnostic de réaction allergique. Le travailleur a été soumis à des conditions de travail inhabituelles. En raison des travaux de réfection à la toiture du bâtiment qui abrite les installations de l'employeur, il a été exposé à une quantité importante de poussière durant deux ou trois jours: Morin et Waterville TG inc., 168420-05-0108, 02-03-19, F. Ranger.

Le geste de couper de la nouvelle laine avec un exacto impliquait une préhension avec force de la main droite, geste qui, répété de façon importante, est à risque pour développer un syndrome du canal carpien. Ces gestes, et dans une moindre mesure la manutention de poids de 10 kg, effectués par la travailleuse du 6 au 12 octobre 1999 sont à l'origine de son syndrome du canal carpien droit. La travailleuse a été victime d'un accident du travail car cette maladie a été causée par un événement imprévu et soudain survenu au travail durant cette période: Krafft et Cleyn & Tinker inc., 144990-62C-0008, 03-04-08, L. Landriault, (03LP-29) (décision sur requête en révision).

Tendinopathie distale du biceps gauche. Manutentionnaire. Surcharge de travail. À partir de la dernière semaine de juillet et en août 2003, le travailleur était seul pour accomplir un travail habituellement effectué par deux ou trois personnes. Le travail étant exigeant physiquement et impliquant beaucoup de manipulation de charges lourdes, le fait de l'avoir effectué dans ces conditions a été la cause de la lésion. Les circonstances particulières dans lesquelles s'est effectué le travail peuvent être assimilables à un événement imprévu et soudain attribuable à toute cause et survenu par le fait du travail: Groupe matériaux à bas prix ltée et Lamoureux, 225735-61-0401, 04-09-14, S. Di Pasquale.

Un événement imprévu et soudain, au sens élargi par la jurisprudence, est survenu quand le travailleur a été assigné à des tâches qui étaient nouvelles pour lui, soit déclouer des planches de bois et utiliser un petit marteau-piqueur, en plus du fait d'avoir adopté une mauvaise méthode de travail en n’utilisant pas le bon outil. La tendinite-ténosynovite des fléchisseurs du poignet droit est donc survenue à l'occasion du travail et le travailleur a été victime d'un accident du travail: Cegerco inc. et Racine, [2004] C.L.P. 1539.

Syndrome du canal carpien. Dans le cadre de son travail, la travailleuse utilise un pistolet à souder qui demande de la force, au niveau de l'index, pour actionner la gâchette et exige d'être maintenu fermement par le pouce pour éviter un recul. Elle porte des gants pour effectuer son travail et elle doit effectuer des flexions, extensions et inclinaisons de son poignet pour atteindre toutes les parties des pièces qu'elle doit assembler à l'aide d'un point de soudure. En mars 2004, lorsque son travail a été modifié, la pression exigée de l'index et du pouce devait durer plus longtemps et le syndrome du canal carpien ne s'est manifesté qu'à droite. La travailleuse a pu reprendre son travail sans autre difficulté lorsqu'une correction a été effectuée sur le pistolet. Par ailleurs, elle n'a pas de maladie systémique et elle a fait la preuve d'une relation médicale entre la maladie et le travail: Simard et Créatech inc., 245420-62-0410, 05-05-10, R.L. Beaudoin.

Épicondylite. Commis aux fruits coupés. Le fait que la travailleuse revienne d’un long congé de huit mois, puis soit affectée à un travail comportant certaines exigences, travail qu’elle devait effectuer pour la première fois de sa vie, représente un changement majeur dans ses conditions de travail et constitue un événement imprévu et soudain ayant entraîné une épicondylite au coude droit: IGA des Forges et Duval, 249065-04-0411, 05-09-13, J.-F. Clément, (05LP-144).

Cervicobrachialgie gauche. Opérateur. Le travailleur a effectué une tâche inhabituelle impliquant des mouvements répétés qui sollicitaient à la fois son bras gauche en élévation au-dessus de la tête et sa région cervicale. Il n'avait pas réellement de contrôle sur la cadence puisqu'il devait alimenter la machine. Avant de faire ce travail, il n'avait aucune douleur et, après un arrêt de deux mois et un retour au travail à sa tâche normale, la douleur n'est pas réapparue. Il est possible que la condition personnelle d'arthrose ait pu favoriser l'apparition de la cervicobrachialgie tout comme il est possible que cette tâche inhabituelle ait rendu la condition d'arthrose symptomatique et incapacitante. En l'espèce, les 11 et 12 mai 2006, le travailleur a effectué une tâche inhabituelle qui a entraîné une cervicobrachialgie, ce qui correspond à un événement imprévu et soudain: Forget et Exeltor inc., 304458-62A-0612, 07-06-07, J. Landry.

Compression du nerf fémoro-cutané latéral. Ingénieur. Un engourdissement est apparu progressivement à la face antérieure de la cuisse après un vol d'une durée de 7 heures vers l'Italie pour assister à un congrès et durant plusieurs périodes de marche avec un sac à dos. La morphologie du travailleur a favorisé le développement de la lésion. Par contre, la position assise prolongée qu'il a dû maintenir pendant le trajet en avion et le port d'un sac à dos, parfois lourd, qu'il a dû serrer à la taille, ont été la cause déclenchante de cette lésion et de sa manifestation. Il s'agit là de circonstances exceptionnelles et inhabituelles survenues à l'occasion du travail que l'on peut assimiler à la notion d'«événement imprévu et soudain»: Lapointe et Ministère des Transports, 304035-31-0611, 07-09-13, M. Beaudoin.

Capsulite de l'épaule gauche. Le poste de travail occupé par le travailleur a été modifié de façon substantielle puisque la hauteur des montants des supports des lattes a été augmentée de 1,50 m à 1,90 m. Cette modification l'a obligé à lever régulièrement les mains au-dessus des épaules pour déposer les lattes en haut des piles et l'a également obligé à effectuer presque trois fois plus de transport de paquets de lattes. Les nombreux mouvements à risque exécutés à la suite de la modification ne peuvent être dissociés de l'exacerbation progressive des douleurs au point de devenir incapacitantes, durant une courte période d'adaptation à une nouvelle méthode de travail. Il faut donc en conclure que la modification du poste de travail doit être assimilée à un événement imprévu et soudain qui a obligé le travailleur à effectuer des mouvements à risque qui ont généré une aggravation d'une condition douloureuse déjà présente depuis quelques semaines: Tembec inc. et Duquette, 286361-08-0603, 07-09-17, P. Prégent.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Assembleuse sur une chaîne de montage. Les modifications des conditions de travail de la travailleuse et le fait qu'il s'agissait pour elle d'un nouveau travail peuvent être assimilés à un événement imprévu et soudain. Quant à la relation, il y a lieu de retenir l'opinion non contredite du médecin de la CSST, laquelle a été confirmée par un neurologue qui a constaté que les symptômes étaient apparus très tôt après l'utilisation par la travailleuse de ses membres supérieurs sur une chaîne de montage. En effet, en décembre 2005 et janvier 2006, elle devait effectuer de très nombreux mouvements de déviations radiales et cubitales, de préhension et de flexion/extension des poignets. Elle était de plus exposée aux cofacteurs de risques que sont les vibrations et le froid. L'usage d'une certaine force était requis. Le fusil qu'elle utilisait pèse cinq livres et il était manipulé à bout de bras de sorte que l'effet de levier augmente la charge ainsi manipulée. Elle devait visser presque deux vis à la minute pendant des périodes variant de 5 à 35 secondes, ce qui est significatif. En outre, la cadence était importante et continue, laissant peu de temps de repos et de récupération. D'ailleurs, même après l'instauration de la rotation vers la mi-janvier 2006, les structures lésées ont continué à être sollicitées de façon significative: Noiseaux et Bombardier inc., 292784-62B-0606, 07-09-19, J.-F. Clément.

Épicondylites bilatérales. Bien que l’élément de force soit absent, l’histoire temporelle d’apparition des lésions, la surcharge de travail sur une courte période lors de la modification du système informatique entraînant une sollicitation intense et accrue des épicondyliens droits et gauches, l’absence d’antécédents du travailleur et l’absence d’autres activités susceptibles de causer une épicondylite, militent en faveur de la reconnaissance de la survenance d’un accident du travail: Riel et Banque Nationale du Canada, 286461-71-0604, 07-11-22, L. Landriault, (07LP-189), révision rejetée, 09-07-16, M. Langlois, (09LP-88), requête en révision judiciaire rejetée, C.S. Montréal, 500-17-052365-098, 10-07-15, j. Verrier.

Fasciite plantaire. Infirmière auxiliaire. Le 12 avril 2005, la travailleuse a dû faire de nombreux déplacements, rapidement, sur un grand territoire et sur une surface dure alors qu'elle portait des chaussures inadéquates. Ses symptômes de fasciite plantaire se sont déclenchés à ce moment. En plus des facteurs intrinsèques d'obésité modérée et de pieds creux et des facteurs extrinsèques de surface dure et de chaussures inadéquates, une surcharge de travail en raison de nombreux cas de grippes et un manque de personnel le 12 avril ont entraîné une sollicitation importante des pieds. La travailleuse a dû demeurer debout et marcher bien davantage qu'à l'habitude. Ces circonstances, du même ordre que la série d'efforts inhabituels, sont assimilables à la notion d'événement imprévu et soudain survenant par le fait du travail que l'on retrouve à la définition d'accident du travail et ont joué un rôle significatif dans le déclenchement de la fasciite plantaire qui s'est manifestée pour la première fois au travail: Laplante et Pavillon St-Joseph, 274357-71-0510, 08-03-26, L. Crochetière.

Nodules aux cordes vocales. Enseignante. Les modifications des conditions dans lesquelles elle a exercé son travail d'enseignante, à compter de janvier 2006, répondent à la notion d'événement imprévu et soudain dans son sens large. Ces conditions ont entraîné l'apparition de nodules aux cordes vocales, lesquels sont causés par une surutilisation de la voix. Elle enseignait dans une salle de classe qui avait le double de la superficie de sa classe habituelle; elle devait projeter sa voix plus qu'à l'habitude en raison de la grandeur du local, du bruit ambiant (provenant du système de chauffage et des voix des enfants) et de l'effet Lombard qui entraîne une augmentation du niveau de la voix pour vaincre le bruit de fond. De plus, le niveau d'humidité dans la classe était faible. Par ailleurs, la travailleuse ne présentait pas de facteurs de risques personnels: Joly et Commission scolaire de Montréal, 298702-71-0609, 08-04-28, L. Landriault.

Entorse lombaire. Policier. Le port du ceinturon rigide, auquel se rattachent plusieurs équipements, et les mauvaises positions adoptées à cause de celui-ci lorsque le travailleur est assis dans son véhicule de patrouille sont responsables de l'entorse lombaire dans la région du carré des lombes droit: Ouellet et Ville de Québec, 302537-31-0611, 08-07-08, S. Sénéchal, (08LP-93).

Intoxication par inhalation de produits chimiques. Peintre automobile. Cabine à peinture défectueuse. Il y a eu un événement imprévu et soudain dans son sens élargi, à savoir un lieu de travail inadéquat et non sécuritaire, faisant en sorte qu'il y a eu inhalation de produits toxiques. Le fait que cet événement imprévu et soudain soit survenu par le fait ou à l'occasion du travail a été prouvé par le rapport de défectuosité fourni par l'employeur. De plus, il y a une relation puisque le médecin consulté à l'urgence a immédiatement recommandé qu'il soit retiré de son milieu de travail, qu'une évaluation du poste de travail soit faite et il a prescrit une médication pour des symptômes respiratoires: Smith et Carosserie Parc Avenue inc., 340650-71-0802, 09-02-10, P. Perron.

La présence de facteurs de risque, conjuguée aux changements dans les méthodes de travail et à leurs conséquences sur l'exercice même du travail, permet de reconnaître qu'il existe un lien probable entre les épicondylites diagnostiquées chez cinq travailleurs et l'épitrochléite diagnostiquée chez un autre, et le travail de préparateur de commandes. Il s'agit davantage de la notion élargie d'accident du travail car c'est en raison de circonstances inhabituelles que les pathologies sont apparues, soit lorsque les travailleurs ont dû faire plus d’efforts, déplacer plus de boîtes, soulever plus de poids, sans compter les efforts psychologiques nécessaires pour s’adapter à une méthode de travail qui modifie les habitudes bien ancrées: Métro-Richelieu inc. et Boily, 303130-31-0611, 09-08-10, M. Beaudoin, (09LP- 85).

La tendinite de l'épaule droite dont la travailleuse a souffert est directement reliée à son travail dans le contexte de la notion élargie d'accident du travail. Dans le cadre de son travail d'interprète-oraliste auprès d'une élève malentendante, la travailleuse a eu une surcharge inhabituelle de travail dans la semaine du 30 mars 2008, et plus particulièrement le 4 avril, quand elle a interprété une pièce de théâtre d'une durée de plus de deux heures sans entracte: Beaulieu et Commission scolaire des Premières-Seigneuries, 360525-31-0810, 09-09-25, M. Racine, (09LP- 108).

La travailleuse a été victime d’un accident du travail lui ayant occasionné une bursite à l’épaule gauche, et ce, après seulement quelques jours dans un nouveau travail de préposée à l’entretien ménager. Les efforts inhabituels qu’elle a dû fournir après une longue période d’inactivité professionnelle, soit 18 mois, permettent de conclure qu’elle a été confrontée à un contexte de travail assimilable à l’événement imprévu et soudain de la définition d’accident du travail: Lamontagne et Bee-Clean Entretien d'édifice, 2011 QCCLP 5560.

Tendinite de la coiffe des rotateurs de l'épaule droite. Les efforts inhabituels que le travailleur a dû effectuer dans le cadre d'un travail différent de ce qu'il accomplissait généralement comme plâtrier, alors qu'il reprenait le travail après une longue période d'inactivité, sont assimilables à la notion d'«événement imprévu et soudain» au sens élargi du terme: Bouchard et Archibald & Fils, 2011 QCCLP 6368.

Épicondylite bilatérale. La travailleuse fait essentiellement de la saisie de données. Elle est passée d'un emploi axé sur la gestion à un emploi orienté vers la production et elle ne fait plus usage d'un ordinateur de manière occasionnelle, mais plutôt de façon continuelle. De plus, son nouvel environnement de travail n'est pas optimal d'un point de vue ergonomique; de fait, plusieurs anomalies notées par l'ergonome ont été corrigées. Ainsi, la travailleuse a probablement contracté une épicondylite bilatérale en exerçant, d’une manière inappropriée, un nouvel emploi qui sollicite fréquemment et sur de longues périodes de temps ses muscles épicondyliens, et ce, dans un environnement inadéquat: Dumoulin et Société canadienne des postes, 2011 QCCLP 6485.

Lésions non reconnues

Hernie épigastrique. Redressements assis multiples effectués par le travailleur le 27 novembre 1990, pendant l'évaluation de sa condition physique. L'augmentation de la pression intra-abdominale ayant causé la hernie ne résulte pas d'un événement imprévu et soudain qui serait survenu à l'occasion des exercices physiques effectués mais résulte des exercices mêmes qui faisaient en sorte de créer une telle pression. Les exercices physiques effectués n'ont rien d'accidentel ou d'imprévu et soudain et ne peuvent en soi constituer un accident du travail: Charlebois et Hydro-Québec, [1995] C.A.L.P. 1336 (décision accueillant la requête en révision). Hernie inguinale: Tremblay et Communauté urbaine de Montréal, 53944-62-9309, 97-03-27, B. Lemay (décision accueillant la requête en révision), (J9-02-07), requête en révision judiciaire rejetée, C.S. Montréal, 500-05-031537-978, 97-06-20, j. Grenier.

Entorse cervicale et dérangement intervertébral mineur. Ces diagnostics ne peuvent découler des efforts additionnels déployés par la travailleuse avec ses membres supérieurs en élévation pour décoller des plaques d'acier adhérentes ou les manipuler au moyen d'un treuil. La travailleuse ne met pas à contribution de facon significative sa colonne cervicale dans des positions extrêmes et le travail accompli sollicite principalement ses membres supérieurs. Il n'y a pas de relation causale entre les pathologies diagnostiquées et les efforts additionnels fournis: Morissette et Prévost Car inc., 127360-03B-9911, 00-03-30, C. Lavigne.

Il n'est pas survenu d'événement imprévu et soudain susceptible d'avoir causé une atteinte du nerf grand thoracique avec paralysie du muscle grand dentelé. Selon la littérature médicale, les traumatismes reconnus à l'origine de cette pathologie impliquent des forces qui échappent brusquement au contrôle du sujet. Or, le mouvement effectué par le travailleur et qu'il prétend être à l'origine de la douleur n'implique pas que la force déployée, lors du soulèvement, ait subitement échappé à son contrôle: Gilbert et Julien inc., 173892-32-0111, 03-03-27, C. Lessard, (02LP-200).

La travailleuse, une préposée aux bénéficiaires, n’a pas démontré avoir subi un accident du travail ayant entraîné une ténosynovite du pouce droit et un syndrome du canal carpien droit puisqu’il y a absence de traumatisme direct. La travailleuse allègue que les premiers symptômes sont apparus au moment où une rotation s’effectue à chaque semaine entre ses anciens patients, des déficients mentaux non autonomes, et la nouvelle clientèle. À la suite de cette rotation, elle s’est retrouvée avec des clients plus lourds, tant au niveau du poids que du handicap, ce qui a entraîné une augmentation dans ses tâches. La modification des tâches de travail n’est pas suffisamment différente de celles occupées auparavant pour conclure que celles-ci pourraient être assimilables à un accident du travail, même en adoptant une interprétation large et libérale de cette notion: Campeau et Centre de réadaptation Lisette Dupras, 212895-72-0307, 05-02-28, D. Lévesque, (04LP-293).

Pour reconnaître qu'une surcharge de travail, une modification de tâches ou des conditions de travail inhabituelles peuvent être assimilées à un événement imprévu et soudain, il doit y avoir un changement majeur et une situation qui sorte véritablement de l'ordinaire par rapport au travail habituel. En l'espèce, la preuve démontre que le travailleur a, tout au plus, eu une grosse semaine de travail, ce qui ne correspond pas à une charge inhabituelle de travail. Précibois inc. et Brisebois, 218871-08-0310, 06-06-08, Monique Lamarre, (06LP-51).

Enthésopathie du muscle angulaire de l'omoplate droite. Interprète gestuelle. Bien que la travailleuse ait été soumise à une surcharge de travail le 10 janvier 2006, par l’augmentation du nombre de gestes effectués en raison du contenu complexe du cours et du très faible niveau de scolarité des participants malentendants, la preuve ne permet pas de conclure en faveur du lien de causalité entre cette surcharge de travail et le diagnostic. D'abord, l’apparition d’une douleur sur les lieux du travail est insuffisante pour confirmer le lien de causalité. De plus, la preuve de faits ne révèle pas de sollicitations indues du muscle angulaire de l’omoplate droite malgré la surcharge de travail. Enfin, selon le médecin de l’employeur, si une importante tension musculaire avait été présente à cette date, un «ensemble de groupes musculaires» aurait été atteint, alors que la seule zone atteinte est le point d’ancrage du muscle angulaire de l’omoplate droite: Beauséjour et SRI Est du Québec inc., 301596-03B-0610, 08-01-21, M. Cusson, (07LP-244).

Préposée aux bénéficiaires. Massage cardiaque sur une personne obèse. Tendinite du flexor carpi ulnaris (FCU). Il est survenu un événement imprévu et soudain. En effet, bien que la travailleuse ait admis avoir déjà donné des massages cardiaques sur des personnes obèses, les circonstances entourant le massage faisant l'objet de la réclamation demeurent inhabituelles, en ce sens que le patient était particulièrement obèse, que la pression à appliquer, lors des compressions thoraciques, était alors exceptionnelle et que la durée du massage elle-même était particulièrement longue. Ces circonstances permettent donc d'appliquer le qualificatif d'événement imprévu et soudain, survenu par le fait ou à l'occasion du travail. Toutefois, la relation entre cet événement et le diagnostic retenu de tendinite du FCU au poignet n'a pas été établie. En effet, la technique utilisée par la travailleuse implique que les fléchisseurs du poignet ne jouent aucun rôle dans ce geste où le poignet reste fixe en extension. La tendinite du FCU du poignet, impliquant les fléchisseurs, ne peut qu'être la résultante de gestes de flexion du poignet, lesquels sont absents lors des compressions effectuées au cours d'un massage cardiaque. Par ailleurs, la travailleuse n'a pas décrit un geste brusque ou soudain dans le cours de cette manoeuvre qui aurait fait en sorte qu'un mouvement de flexion du poignet soit survenu: Desnoyers et CSSS Deux-Montagnes/Sud Mirabel, 303620-64-0611, 08-05-20, R. Daniel.

Tendinite à l'extenseur ulnarien du carpe du poignet droit. Journalière dont le travail consiste au préassemblage de câbles qui nécessite six étapes, soit le dénudage de gaines de fils, le découpage de code, l’épissurage, le dénudage de fils, le sertissage des terminaux et le montage des connecteurs. La travailleuse n’a pas démontré en quoi les gestes exécutés sont à l’origine de sa tendinite à l’extenseur ulnarien du carpe au poignet droit. Elle n’a pas décrit d’effort excessif ou une série de mouvements inhabituels ou encore un changement majeur dans ses conditions de travail pouvant être assimilé à un événement imprévu et soudain: Bilodeau et Terminal & Câble T. C. inc., 347586-62A-0805, 09-03-13, C. Burdett, (08LP-238).

Épicondylite externe du coude droit. Préposée à la cafétéria. La travailleuse allègue que sa lésion est attribuable à une surcharge de travail durant plusieurs mois. Or, cette surcharge n’influence pas la variété des tâches qu'elle effectue au cours de sa journée. Elle n’a pas été assignée de façon plus importante à une tâche spécifique susceptible de solliciter davantage les structures épicondyliennes. La surcharge alléguée par la travailleuse lors de la préparation des déjeuners consiste à l’absence d’aide et donc à une accélération de sa cadence de travail. Or, selon l’analyse du poste de travail par un ergothérapeute, il y a prosupination par des gestes d’une durée d’une à deux secondes à une fréquence moyenne observée d'une répétition par trente-deux secondes, alors que la fréquence d’action considérée comme un risque pour la répétition est de dix mouvements par minute. Les mouvements d’extension du poignet droit avec le coude en extension sont réalisés à une fréquence d’une répétition par soixante-douze secondes, ce qui n’est pas, selon la littérature, considéré comme répétitif. Même en doublant la vitesse d’exécution de ces mouvements pour tenir compte de la période de grand achalandage ou de l’absence d’aide, cette fréquence augmentée demeure en deçà des données considérées comme étant à risque. Quant à l'omission des pauses ou de sa période de dîner, il n’a pas été démontré que, lors de ces périodes de travail, il y avait sollicitation plus importante des structures épicondyliennes. Il en est de même pour la préparation des frites et des heures supplémentaires consacrées à la plonge: Hydro-Québec et Pelletier, 332968-71-0711, 09-07-22, F. Juteau, (09LP-146).

AVC (accident vasculaire cérébral). Chauffeur de camion longue distance. Le travailleur n'a pas démontré l'existence d'un événement imprévu et soudain à l'origine de son AVC. Aucun fait accidentel n'a été invoqué de façon concomitante de la survenance de cette condition. Malgré les prétentions du travailleur selon lesquelles ses conditions de travail sont difficiles, stressantes et le soumettent généralement à des risques compatibles avec l'AVC, il n'a pas démontré une surcharge de travail ou une modification importante de ses conditions de travail: Kosh et Transport Guy Bourassa inc., 320509-62A-0706, 10-08-12, N. Tremblay.