LoiLATMP
TitreII LA NOTION DE LÉSION PROFESSIONNELLE: ART. 2, 25 À 31
Section4. Maladie professionnelle: art. 2, al. 15, 29 et 30
4.2 Article 30
4.2.2 Maladie reliée aux risques particuliers du travail
4.2.2.11 Les syndromes
Titre du document4.2.2.11.2 Syndrome du canal carpien
Mise à jour2011-11-01


Généralités

De nombreuses études tendent à démontrer une incidence élevée entre la maladie et l'exposition à certains facteurs de risque, telles la force et la répétition de mouvements, ou la force et la posture des mains et des poignets. De plus, elles tiennent compte de l'histoire médicale des individus ou d'autres éléments de confusion. Un mouvement est répétitif lorsque, dans une séquence de mouvements, la période de relaxation est égale ou inférieure à la période de l'exercice du mouvement. Aussi, une force est élevée si elle est supérieure à 6 kg. En l'espèce, le travailleur, apprêteur de cuir dans une tannerie, passait plus de trois heures à étirer 100 peaux à l'heure. Chaque peau nécessite 10 mouvements, les doigts en position de préhension ferme et les poignets en extension. Plus de la moitié des mouvements exigent une force de résistance de 35 lb sur les mains, les doigts et les poignets. Le temps de relaxation est quasi nul. Il y a combinaison de deux facteurs de risque, la répétitivité et la force. De plus, le travailleur étant sans emploi depuis 18 mois, il n'était pas prêt pour un tel travail: Dion et Dana Canada inc., 101339-32-9806, 99-07-12, Y. Vigneault, (99LP-111).

Le syndrome du canal carpien se définit comme une manifestation de compression du nerf médian au niveau du canal carpien du poignet due à une augmentation de la pression dans le tunnel, et ce, pour de multiples raisons. Cette maladie est souvent idiopathique, mais est aussi associée à certaines conditions personnelles, de même qu'à certains facteurs de risque au travail comme le travail hautement répétitif ou requérant de la force ainsi que l'exposition à des vibrations. Si plusieurs études identifient la haute répétitivité à titre d'important facteur de risque, le médecin de l'employeur précise que c'est lorsque la répétitivité est alliée à la force que l'incidence devient vraiment significative. Quant à la force, il s'agit d'un concept variable qui s'éloigne du simple soulèvement de poids. Ainsi, l'effort déployé pour soulever une charge identique est plus important lorsque les mains sont en flexion ou en extension. En l'espèce, le travail d'emballeuse de sacs de croustilles implique de multiples mouvements combinés de flexions des doigts pour saisir les sacs et de flexions des poignets pour les déposer dans la boîte. Les poignets sont également sollicités lors de la confection et de la fermeture des boîtes et dans chacune des opérations effectuées pour les remplir. De plus, ce travail est hautement répétitif et il atteint les critères d'effets cumulatifs si l'on calcule le nombre important de sacs manipulés et de boîtes confectionnées dans un quart de travail. Sauf les deux pauses de 15 minutes et la pause repas, le travail est continuel. Or, la haute répétitivité est un facteur de risque reconnu dans le développpement d'un syndrome du tunnel carpien, et il peut même s'agir du seul facteur selon la revue des études épidémiologiques réalisées par le NIOSH. D'autres facteurs doivent être pris en compte. La flexion des doigts combinée à celle des poignets accroissent l'effort et la pression à l'intérieur du canal carpien. En outre, les multiples mouvements de déviation cubitale sont identifiés dans la littérature comme des mouvements associés au développement du tunnel carpien. Ces facteurs de risque jumelés aux faits retrouvés au dossier et à l'opinion du médecin traitant suffisent à établir un lien entre le syndrome du tunnel carpien et le travail. De plus, la travailleuse ne présente aucun facteur de risque personnel mis à part le sexe et l'âge. Quant à l'argument de la bilatéralité, la preuve révèle une grande utilisation des deux membres supérieurs dans le travail. Les mouvements sont différents de la main droite et gauche, ce qui explique la moindre importance du syndrome à gauche. Également, les lésions attribuables au travail répétitif peuvent se développer tardivement sur des périodes variant de quelques jours à plusieurs années: Aliments Small Fry inc. et Lester, [2000] C.L.P. 960.

Les mouvements pouvant causer un syndrome du canal carpien sont majoritairement reconnus comme étant ceux de préhension pleine main ou avec poings fermés, de pince digitale, de flexion ou extension des poignets, de déviation radiale ou cubitale et de flexion des doigts. Et ces mouvements doivent être d'une amplitude importante ou contraignante avec usage de force, absence de périodes de repos adéquat et répétitivité: Brasserie Labatt ltée et Trépanier, [2003] C.L.P. 1485; Leroux et David Ponton Proprio Service inc., 317247-05-0705, 07-09-28, F. Ranger.

Pour faire reconnaître un canal carpien bilatéral comme étant une maladie professionnelle, le travailleur doit démontrer une surutilisation des mains et des poignets dans des mouvements impliquant des amplitudes extrêmes effectuées de façon répétitive ou sur des périodes prolongées ou encore, des mouvements impliquant de la force. En l’espèce, cette preuve n’a pas été faite et, de plus, il y a absence de cadence dans les différentes tâches qui, d’ailleurs, ne sollicitent pas nécessairement les poignets: Lacasse et Portes Patio Resiver inc., 2011 QCCLP 6355.

Quant aux facteurs biomécaniques ou facteurs de risque généralement en cause reconnus par la littérature médicale comme étant à l'origine d'un syndrome du canal carpien, la littérature récente semble remettre en question l'existence même d'un lien de causalité entre tout travail et ce syndrome. Ce nouveau courant de pensée dans la communauté médicale ne fait pas consensus. Dans ce contexte, le tribunal doit fonder son analyse sur les facteurs de risque généralement reconnus, soit l'utilisation de la force, la répétitivité et les postures contraignantes. Les gestes de flexion, d'extension, de déviation radiale ou cubitale du poignet, de flexion des doigts et de préhension de la main sont habituellement considérés comme à risque. Une combinaison de ces facteurs de risque est requise pour conclure à l'existence d'une relation causale: Chiasson et United Parcel Service Canada ltée, 2011 QCCLP 6220.

Maladies reconnues

Syndrome du canal carpien bilatéral. Opératrice de machine à coudre depuis 30 ans. Prévalence du syndrome chez les opératrices de machine à coudre. Les mouvements répétitifs des poignets et des mains sont des éléments déclencheurs du syndrome: Rinaldi et Tootique inc., [1989] C.A.L.P. 416.

Syndrome du canal carpien. Assembleuse de filage faisant des gestes répétitifs. Condition personnelle rendue symptomatique par le travail: Complaisance et Manufacture WCI ltée, [1990] C.A.L.P. 649.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Machiniste. Le travailleur doit forcer avec ses mains, lesquelles sont constamment en mouvement de flexion et de supination, et adopter des postures contraignantes pour ses poignets. Il utilise également des outils vibrants, autant de risques d'apparition d'un tel syndrome. De plus, le travailleur n'est porteur d'aucun facteur de risque identifié, tel le diabète, l'hyperthyroïdie, les fractures du poignet: Équipements industriels Flexo inc. et Cavaliere, [1996] C.A.L.P. 965.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Caissière dans une épicerie depuis 15 ans. Après l'intervention chirurgicale, la travailleuse a réintégré son emploi habituel sans restrictions. Toutefois le poste de travail a été modifié en munissant les caisses enregistreuses de lecteurs optiques. Ainsi, elle n'avait plus à manipuler de sa main gauche chaque pièce de marchandise, qu'elle enregistrait de sa main droite. Antérieurement, l'enregistrement des prix et des codes des différents articles avec la main droite entraînait l'exécution de mouvements répétitifs à une cadence élevée, avec extension maintenue du poignet et flexion des doigts en position de fonction. Quant à la manipulation des articles de la main gauche, elle impliquait des mouvements répétitifs de préhension à une cadence de 30 à 35 à la minute, avec extension variable du poignet pour prendre les articles et flexion de celui-ci pour les redéposer. La force de résistance était toujours présente et variait suivant le poids de la marchandise. Aucune autre hypothèse n'a été établie et la travailleuse ne présente aucun antécédent médical susceptible de causer un syndrome du tunnel carpien bilatéral. L'ensemble des mouvements correspond à des facteurs de risque susceptibles de produire un tel syndrome. Tremblay et Alimentation de Comporte inc., [1997] C.A.L.P. 846.

Syndrome du canal carpien droit. Opératrice de scie. Même en considérant qu'il s'agit d'une maladie multifactorielle et que la travailleuse était davantage susceptible d'en souffrir en raison de prédispositions personnelles comme l'obésité et une ovariectomie, il reste que les facteurs de risque associés à son travail sont suffisamment importants pour avoir joué un rôle déterminant dans l'apparition du syndrome. La répétitivité apparaît plus importante que la force comme facteur de risque pour le syndrome du tunnel carpien. De plus, la manipulation de blocs de poisson congelés implique des mouvements entraînant la compression du nerf médian, notamment la préhension avec force et l'hyperextension du poignet accompagnée d'une extension des doigts. Aussi, l'utilisation de gants mal ajustés et l'exposition au froid et à des vibrations font qu'il y a relation entre la maladie et le travail: Blue Water Seafoods inc. et St-Pierre, [1998] C.L.P. 562.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Lubrificateur. Mouvements de flexion forcée des poignets avec préhension ferme et flexion des doigts contre résistance. L'apparition des symptômes la nuit n'étonne pas. La position couchée modifie la pression hydrostatique des liquides au niveau des membres supérieurs. Le fait que des travailleurs ont exécuté les mêmes fonctions sans présenter ce syndrome n'étonne pas non plus, la morphologie du tunnel carpien étant différente d'un être humain à l'autre. De plus, le travailleur ne présente aucune condition d'origine personnelle. Le fait que la relation de cause à effet puisse être probable permet de conclure à la survenance d'une maladie professionnelle. La certitude médicale n'est pas requise: Industries Westroc ltée et Lapalme, 82073-62-9608, 98-03-13, A. Leydet, (J9-14-11).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Cuisinière. L'analyse des gestes posés par la travailleuse révèle que, malgré la variété des tâches, les mains et les poignets sont sollicités presque de façon constante et de manière intensive, notamment quand elle doit effectuer seule l'ensemble des tâches exigées, soit après 14 h tous les jours en plus de deux jours complets par semaine. Il y a donc un lien probable entre le syndrome du tunnel carpien et le travail de cuisinier exercé depuis 7 ans. De plus, le fait que la symptomatologie s'améliore lors des arrêts de travail et qu'elle réapparaît lors du retour à l'emploi, milite en faveur de la reconnaissance d'une maladie professionnelle reliée aux risques particuliers de ce travail: Gagnon et Les services alimentaires Wolfe inc., 130749-73-9912, 00-07-06, M.-H. Côté.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Préposée au triage. Le travail consiste à ramasser du papier qui défile sur une courroie sur une période de 7 heures par jour, 5 jours par semaine. Les mouvements que la travailleuse doit effectuer consistent en des mouvements de saisie et de rotation en pronation et supination des poignets. Ils impliquent les structures lésées, soit les poignets. La répétitivité des mouvements constitue un facteur de risque plus important dans la pathologie du syndrome du canal carpien en comparaison avec les autres maladies attribuables au travail répétitif. De plus, la travailleuse doit exécuter les mouvements en portant des gants en tissu doublé de plastique, ce qui nécessite l'application d'une force supplémentaire en raison du fait que les gants n'adhèrent pas bien à la main à cause de la doublure de plastique. L'utilisation des gants amène une perte de dextérité avec une augmentation compensatoire du tonus musculaire au niveau des doigts et des poignets. Même si les malaises de la travailleuse sont apparus rapidement après le début du travail, une personne peut développer un syndrome du canal carpien aigu ou dynamique en l'espace de quelques jours lorsqu'elle n'est pas habituée au travail manuel, ce qui est le cas de la travailleuse qui avait été inactive depuis plus d'un an avant cet emploi: Belleau et CFER Louis-Joseph Papineau, 102799-63-9806, 00-07-14, F. Juteau.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Assistante dentaire depuis 12 ans. La travailleuse travaille sans arrêt avec ses mains et effectue régulièrement des mouvements de préhension ou de pince: Fletcher et Rubin Goldbaum, 146607-72-0009, 01-05-10, J.-C. Danis.

Tendinite des fléchisseurs ou ténosynovite des fléchisseurs ainsi que syndrome du canal carpien. Briqueteur maçon. Les mouvements répétitifs du poignet et de la main, surtout les mouvements de préhension et de manutention des blocs de ciment d'une quarantaine de livres qui se font en pince digitale, sont des gestes décrits comme étant à risques: Bourget et Abkar constr. div. of 128333 Canada, G. Robichaud, [2002] C.L.P. 51.

Syndrome du canal carpien droit avec atrophie musculaire. Caissière dans un magasin d'alimentation de grande surface. Le travail comporte des mouvements répétitifs de préhension de la main, mettant sous tension les fléchisseurs, soit des mouvements de préhension avec pinces digitales et de préhension pleine main. De tels mouvements sont requis pour manipuler la marchandise vers le lecteur optique, le plateau de pesée et le convoyeur. Ils sont aussi requis lorsque la travailleuse procède elle-même à l'emballage de la marchandise. En outre, la fréquence à laquelle ces mouvements sont effectués justifie qu'ils soient qualifiés de répétitifs. La travailleuse n'avait pas l'obligation de démontrer la relation causale entre sa maladie et son travail au moyen d’une opinion médicale, son seul témoignage complété par le dépôt de littérature médicale étant suffisant. En effet, si une opinion médicale peut s’avérer nécessaire aux fins d’établir le caractère professionnel d’une maladie, le défaut de produire telle opinion ne fait pas nécessairement obstacle à la reconnaissance d’une maladie professionnelle, particulièrement lorsque la littérature médicale se rapportant à cette problématique est susceptible de pallier cette lacune: Cyr et Loblaws Québec ltée, [2002] C.L.P. 266.

Syndrome du canal carpien droit. Préposée au nettoyage, à la finition et à l'inspection des vitraux. Il y a présence de risques particuliers susceptibles de causer un syndrome du canal carpien et à ces risques se greffe une situation spéciale, isolée dans le temps, qui respecte les critères de l'accident du travail. Ainsi, le jeu conjugué des articles 2 et 30 permet de conclure à l'existence d'une lésion professionnelle: Boisclair et Créations Vernova inc., 165947-62-0107, 02-07-16, S. Mathieu, (02LP-100).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Ouvrier affecté à la finition des pièces en utilisant différents outils à air, soit des sableuses, rectifieuses, perceuses, détoureuses et meuleuses. Selon la littérature médicale, les mouvements à risque pour développer les syndromes du canal carpien sont les mouvements répétitifs de la main ou du poignet ainsi que ceux de préhension et de manutention. De façon plus précise, il s'agit des activités avec le poignet en extension ou en flexion, les déviations radiales ou cubitales répétées, la préhension d'objets avec tractions répétées, la préhension à pleine main ainsi que l'application d'une pression avec la main. Parmi les cofacteurs de risque, on retrouve l'utilisation d'outils vibrants. Or, tous ces mouvements se retrouvent en l'espèce: Marleau et Bombardier aéronautique, 144122-62-0008, 02-11-14, R. L. Beaudoin.

Syndrome du canal carpien. Scaphandrier. Les mouvements à risque dans la genèse du syndrome du canal carpien professionnel sont la flexion/extension et la déviation radiale ou cubitale du poignet, la saisie et la préhension avec force ou traction, la flexion des doigts, l'appui ou l'impact direct sur le tunnel carpien. En l'espèce, il y a présence de saisie avec force d'outils vibrants et d'outils manuels sur des périodes prolongées de trois à quatre heures. De plus, le travail se fait de façon continue lorsque le travailleur est sous l'eau et il y a donc une carence de pauses récupératrices pour les structures sollicitées. Le travailleur effectue également un mouvement de percussion avec la paume de la main. De plus, lorsqu'il ne plonge pas, le travail d'assistant effectué par le travailleur implique lui aussi une sollicitation des fléchisseurs des doigts pour descendre et monter le matériel à l'aide de câbles. L'exposition aux facteurs de risque est suffisante pour expliquer le développement d'un syndrome du canal carpien: Rémillard et Division sous-marine Richelieu inc., 164747-61-0107, 02-12-11, L. Nadeau, (02LP-140).

Syndrome du canal carpien droit. Soudeur. Les gestes pour effectuer son travail étaient des gestes de précision qui nécessitaient, après la préhension de la manette à souder, des mouvements de pronation et de supination de l'avant-bras droit pendant que des mouvements de flexion-extension ou de déviations radiale et cubitale étaient posés par le poignet: Beaulieu et 3539938 Canada inc., [2003] C.L.P. 714.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Préposée à l'emballage. La travailleuse a occupé ce travail dans un abattoir de poulets durant six jours. Bien que les tâches soient variées et que les efforts nécessaires ne soient pas toujours de la même intensité, toutes ces tâches impliquent des mouvements de pronation, d'extension ou de flexion des poignets avec des déviations radiales ou cubitales compatibles avec l'apparition de la symptomatologie ayant mené à cette lésion: Carpentier et Ferme Giannone & fils inc., [2003] C.L.P. 1067.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Serveuse de bar durant 30 ans. Les différentes tâches de la travailleuse, notamment la décapsulation de bouteilles de bière et le service aux tables avec un cabaret, l'ont obligée à exécuter des mouvements de préhension importants pour les deux mains ainsi que des mouvements nécessitant une déviation radiale des poignets, sans compter des mouvements d'extension complets de la main gauche: Ducharme et Hôtel Motel Sigma, [2003] C.L.P. 1144.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Agent de soutien administratif effectuant de la saisie de données. Il existe un lien direct entre la maladie du travailleur et les risques particuliers de son travail. En effet, le travailleur effectue de la saisie de données à l'ordinateur, ce qui implique une position soutenue d'extension des deux poignets et un appui carpien bilatéral sur le rebord de la table de travail. De plus, selon la littérature médicale, les activités avec le poignet en extension, de même que celles impliquant un appui carpien, sont des facteurs de risque pour développer la maladie. En outre, le travailleur a été exposé à ces facteurs de risque six heures par jour: Paquin et Société immobilière du Québec, 175198-05-0112, 03-01-08, M. Allard.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Mécanicien de machinerie lourde. Condition personnelle de diabète et pratique de la moto à raison de 20 000 km par année. Bien qu'il soit impossible d'établir à quel point chacun des facteurs de risque identifiés, les uns d'origine personnelle et les autres d'origine professionnelle, a pu contribuer à l'apparition et au développement de la maladie, le canal carpien dont le travailleur a souffert doit être reconnu comme une maladie professionnelle puisque les facteurs de risque d'origine professionnelle ont été déterminants et significatifs dans l'apparition de la maladie: Abitibi Consolidated inc. et Marinoff, 189092-32-0208, 04-07-30, M.-A. Jobidon.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Boucher. Les diverses tâches effectuées par le travailleur sollicitent ses deux poignets et impliquent des mouvements prononcés de préhension, de flexion et de déviation. Ces mouvements sont réalisés avec une certaine force, en raison du fait que les morceaux de viande à trimer pèsent entre trois et treize livres environ et sont semi-gelés, et doivent être exécutés de manière constante afin de respecter la cadence relativement élevée de la chaîne de production. Tous ces éléments constituent des facteurs de risque associés à la pathologie. De plus, la basse température et le port de gants constituent des cofacteurs de risque qui s’ajoutent aux autres et militent en faveur de la reconnaissance d’une relation entre le syndrome du canal carpien bilatéral et le travail de boucher. D'ailleurs, la littérature médicale rapporte une prévalence de cette pathologie chez des travailleurs exerçant le métier de boucher ou travaillant dans le secteur des aliments surgelés: Les Aliments Lesters ltée et Beaulieu, 189945-63-0209, 04-09-13, J.-P. Arseneault, (04LP-125).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Fumiste. La travailleuse effectue un travail physiquement lourd qui exige des mouvements sollicitant les deux poignets. De plus, les gestes sont répétés des milliers de fois contre une résistance souvent élevée et sur une période prolongée, auxquels s’ajoute des vibrations à haute fréquence. Par ailleurs, la travailleuse n'a pas de condition personnelle. Le syndrome du canal carpien est donc en partie attribuable au travail de fumiste, c'est-à-dire en association avec les caractéristiques individuelles de la travailleuse: Métallurgie Brasco enr. et Harbour, 216996-09-0309, 05-02-18, Y. Vigneault, (04LP-299).

Syndrome du canal carpien droit et syndrome du canal cubital bilatéral. Charpentier-menuisier. Le travailleur a exercé son métier de charpentier menuisier depuis près de 30 ans. Les symptômes d’un syndrome du canal carpien droit et d’un syndrome du canal cubital bilatéral ont débuté à l’automne 2001 et se sont aggravés par la suite. Dans le cadre de ses activités professionnelles, le travailleur exerce des mouvements répétitifs des poignets, soit en extension ou en flexion, soit en déviation radiale ou cubitale, des mouvements de préhension et de manutention, soit en préhension d’objets avec pinces digitales, en préhension d’objets avec tractions répétées ou avec rotation du poignet, en préhension pleine main, en geste de cisaillement ou d’application d’une pression avec l'une ou l'autre main. En outre, son travail comporte des cofacteurs de risque, tels le travail avec le membre supérieur en flexion ou abduction et, surtout, le travail avec des outils vibrants ou à percussion. Le travailleur a donc démontré que ces lésions sont des maladies reliées aux risques particuliers de son travail: L'Archevesque et 174948 Canada inc., [2005] C.L.P. 70.

Syndrome du canal carpien droit. Charpentier menuisier. Le syndrome du canal carpien droit diagnostiqué chez le travailleur est directement relié aux risques particuliers du travail accompli chez l'employeur. Ce travail comporte plusieurs des facteurs de risque mentionnés dans la littérature médicale comme l'utilisation intensive du fusil à clouer qui implique des déviations radiales et cubitales ainsi que de nombreux mouvements de préhension à pleine main et de manutention avec force. Le travailleur doit tenir un objet pesant de 10 à 25 livres qui génère vibrations et percussions, dans des positions inconfortables, durant une grande partie de la journée. Il doit aussi manipuler un marteau, ce qui l'expose à des déviations radiales et cubitales, à des préhensions pleine main et à des vibrations et des percussions. De plus, il est principalement affecté au montage des murs ce qui, selon le témoignage du chef d'équipe, entraîne l'utilisation de ces différents outils. D'autre part, il existe un lien temporel entre l'apparition des symptômes et le travail exercé chez l'employeur. De plus, aucune preuve ne démontre que la lésion est reliée aux activités sportives du travailleur. Ce dernier a toujours joué au hockey sans ressentir de douleur au membre supérieur droit: Passarelli et Le Groupe Mader inc., 255143-71-0502, 06-02-24, C. Racine.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Manutentionnaire. Bien que deux facteurs de risques aient pu contribuer au développement du syndrome du canal carpien biliatéral dont la travailleuse est atteinte, l'un en raison des risques présents au travail et l'autre de nature personnelle, soit le fait qu'elle utilise le langage des signes, la preuve permet de conclure que le travail a contribué de façon significative et déterminante dans l'apparition ou le développement de la maladie. Même si la travailleuse exécute des tâches variées, la grande partie de celles-ci implique divers mouvements de préhension des deux mains: Lalonde et Groupe Royal Technologie Québec inc., 248029-61-0411, 06-04-18, L. Nadeau, (06LP-21).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Soudeur-mécanicien. Les fonctions de mécanicien amènent le travailleur à manipuler différents outils durant 75% de son temps, dont plusieurs outils pneumatiques qui génèrent des vibrations. Il exécute souvent des mouvements de préhension avec force afin de stabiliser l'outil, et ce, dans différentes positions souvent inconfortables et contraignantes. Il utilise la force aussi pour serrer ou desserrer des boulons avec des clés manuelles. Ces mouvements impliquent suffisamment de risque pour avoir provoqué sa maladie ou contribué à son développement. De plus, aucune pathologie personnelle pouvant favoriser l’apparition d’un syndrome du canal carpien n’a été mise en évidence. En ce qui concerne la bilatéralité, le travailleur a expliqué que, même s’il est droitier, ses tâches requièrent l'utilisation régulière de ses deux mains: Desrosiers et Laidlaw Carriers Bulk LP, 292843-62B-0606, 07-03-22, N. Blanchard, (06LP-294).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Manoeuvre. Sur la ligne de production des déodorants, les tâches d'emballage, de remplissage de disques et de pose de rondelles amènent la travailleuse à effectuer des mouvements hautement répétitifs impliquant directement les poignets et les tendons fléchisseurs, à savoir des mouvements de préhension, supination, pronation et de pression du pouce. Ainsi, même s'il y a rotation des tâches toutes les 30 minutes, cela n'a pas eu pour effet d'amoindrir le risque auquel elle a été exposée: Les emballages Knowlton inc. et Bennett, 279334-62A-0512, 07-09-25, N. Tremblay.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Charpentier-menuisier de 2002 à 2006. Pendant 90% de son temps de travail, le travailleur utilisait des outils. Il faisait des mouvements de préhension à pleine main, avec une certaine force, et divers mouvements des poignets lors de l'utilisation du marteau, du marteau pneumatique, des perceuses, de la scie circulaire, des barres et des outils à percussion. Par ailleurs, le nombre peu élevé d'heures de travail qu'il avait effectuées à l'époque où les premiers symptômes sont apparus n'est pas déterminant selon la littérature médicale. Quant à la bilatéralité de la lésion, la preuve démontre que, lors des consultations médicales, le travailleur se plaignait principalement de symptômes ressentis du côté droit. L'intervention chirurgicale à la main gauche a été faite dans un but préventif. Étant droitier, le travailleur utilisait sa main gauche dans une moindre mesure, soit pour tenir des objets ou pour s'alimenter en vis ou en clous. Par ailleurs, le travailleur, dans la mi-trentaine, n'est affecté d'aucune condition personnelle: Leroux et David Ponton Proprio Service inc., 317247-05-0705, 07-09-28, F. Ranger.

Syndrome du canal carpien droit. Désosseur de longes de porc. Pour désosser une longe de porc, le travailleur effectuait de la main droite des mouvements de flexion, de déviation et de dorsiflexion du poignet et de la main droite, laquelle est sa main dominante puisqu'il est droitier. Ces amplitudes demeuraient physiologiques la plupart du temps, mais il n'en demeure pas moins que, parfois, elles ne l'étaient pas. De plus, ces mouvements étaient faits de façon hautement répétitive, à une cadence de 54 longes par heure, lesquelles requièrent 17 à 22 coups de couteau chacune pour les désosser. Il s'écoulait un délai de 10 à 12 secondes avant que ne commence le désossage de la longe suivante. Cependant, pendant ce temps, le travailleur devait affiler son couteau, geste qui sollicite aussi le poignet droit dans un mouvement d'extension et de flexion, ce qui laisse peu de repos compensateur. De même, il n'y a pas de rotation de poste et le désossage s'effectue pendant toute la durée du quart de travail. Tous ces éléments militent en faveur de la conclusion selon laquelle le poignet droit est sollicité de façon répétitive pendant le quart de travail. En outre, le travailleur devait appliquer une certaine pression pour désosser, surtout lorsque les longes étaient raides et sèches, ce qui a été le cas au moment de l'apparition de la lésion: Olymel S.E.C. (Princeville) et Durand, 303076-04B-0611, 08-03-06, L. Collin.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Monteur-soudeur. Le travailleur utilise régulièrement des outils ainsi que des matériaux qu’il manipule de ses deux mains. Ces appareils nécessitent une préhension pour maintenir l’appareil et une pression surtout lors de l’utilisation du «buffer» d’un poids de 5 à 6 livres. À cette préhension forcée s’ajoutent les postures contraignantes que doit utiliser le travailleur pour s'acquitter de sa fonction de nettoyage avec le «buffer», où ses poignets effectuent des mouvements de déviations radiales, cubitales, flexions ou extensions contre une bonne résistance. S’ajoutent aussi les vibrations générées par certains des appareils sur des périodes de temps significatives. Enfin, les pauses ne sont pas suffisantes pour permettre une saine récupération de ces sollicitations indues des mains. La preuve rend probable et vraisemblable la relation entre le syndrome du canal carpien bilatéral et les différentes tâches effectuées par le travailleur: Blanchette Métal inc. et Dubé, 316325-03B-0705, 08-04-01, C. Lavigne, (08LP-28).

Bien que la travailleuse soit porteuse d'une condition personnelle affectant ses poignets, soit un épaississement du ligament annulaire du carpe conduisant à une légère déformation en sablier au niveau du nerf médian de façon bilatérale, le syndrome du canal carpien bilatéral dont elle est atteinte est relié aux risques particuliers de son travail à l'assemblage d'intercalaires chez l'employeur. Toutes les opérations requises pour faire l’assemblage d’intercalaires demandent de la manipulation avec les mains et les doigts, une préhension pleine main fréquente ainsi qu’une pression dans la paume de la main gauche. Quant aux poignets, ils sont soit en flexion, extension ou déviation. Ce travail sollicite donc les structures anatomiques impliquées dans le syndrome d’un canal carpien. Cette sollicitation a de plus été suffisamment importante, voire nocive, pour conduire à l’apparition du syndrome. En outre, la travailleuse doit user d’une certaine force en raison des coins difficiles à insérer, ce qui augmente la pression intercanalaire, alors que le canal est plus étroit en raison de la déformation en sablier. Elle fabrique de 500 à 600 cadres par quart de travail et insère donc 2000 à 2400 coins, d’où 4000 à 4800 mouvements d'insertion. De plus, un certain nombre de coins étaient difficiles à rentrer, augmentant par le fait même l'effort à déployer. De plus, la travailleuse ne présente aucune condition médicale pouvant justifier l'apparition du syndrome du canal carpien bilatéral comme une dysfonction de la thyroïde, du diabète, de l'arthrose ou de l'arthrite et elle n'est pas enceinte: Simoneau et Industries Cover inc., 332544-03B-0711, 08-07-04, M. Cusson, (08LP-102).

Le syndrome du canal carpien bilatéral dont le travailleur a souffert est relié aux risques particuliers de son travail de chef cuisinier et, en raison de sa condition personnelle de diabète, il était plus à risque de contracter cette maladie en étant exposé à ce type de travail. Sa condition diabétique le rend plus vulnérable, mais elle n’est pas la cause du syndrome du canal carpien puisque le travailleur effectue des mouvements d’extension souvent soutenus des poignets associés à la flexion des doigts, et ce, cinq heures par jour en utilisant un couteau pour préparer les aliments et ses autres tâches sont également susceptibles d'entraîner cette maladie: Laliberté & Associés inc. et St-Louis, 298396-64-0609, 09-04-17, M. Montplaisir, (09LP-24).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Électricien. Il a tiré et dénudé des câbles, installé des chemins de câbles avec divers instruments, et ce, huit mois par année, durant 39 ans. Le travailleur a accompli différents mouvements au travail que la littérature médicale identifie comme facteurs de risques susceptibles de générer un canal carpien, à savoir des préhensions pleine main avec traction et application de force, des pinces digitales, des flexions et des extensions des poignets, des applications de pression avec les deux mains et les doigts et des abductions des membres supérieurs. De plus, il travaille avec des gants et est exposé au froid et à l'humidité, conditions qui constituent des cofacteurs de risque selon la littérature médicale. En outre, le travailleur n'est porteur d'aucune pathologie susceptible de générer à elle seule ou de contribuer à générer un canal carpien bilatéral: Brière et 157498 Canada inc., 359316-08-0809, 09-07-13, P. Prégent.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Charpentier-menuisier dans la construction de janvier à juin 2006. Le travailleur devait manipuler une perceuse « impact drill » pour visser des vis dans des barres de métal. Il y avait donc préhension d'un outil vibrant et à légère percussion en fin de course, ce qui est un facteur de risque. De plus, il devait déployer de la force physique pour percer les barres métalliques avec les vis. En outre, il devait adopter une position contraignante de déviation cubitale du poignet pour visser les barres en hauteur. Enfin, un autre facteur de risque est la répétitivité du geste d'insérer 1 000 vis par jour. Même si le travailleur est droitier, les engourdissements aux mains sont apparus peu de temps après avoir débuté cet emploi et la douleur s'est installée, l'obligeant à changer de main pour atténuer les symptômes. Ce fait explique la bilatéralité de la maladie. D'autre part, d'avril à juin 2006 le travailleur utilisait 25 % du temps un marteau piqueur pour casser du ciment. Or, l'utilisation d'un outil vibrant et à percussion est susceptible d'engendrer la maladie, car le travailleur doit maintenir ses poignets en flexion pour retenir l'outil et exercer une préhension avec force. Par ailleurs, l'insertion des tiges de métal dans le sol avec une masse est aussi susceptible d'engendrer la maladie, car le travailleur doit avoir une préhension de pleine main avec force et contrecoup: Dextraze et Construction Bernard Dionne inc.,308207-62-0701, 09-10-16, D. Beauregard.

Syndrome du canal carpien droit. Coiffeuse depuis plus de 30 ans. Dans l’exécution de ses fonctions, la travailleuse effectue des mouvements de préhension avec mouvements du poignet droit en extension et flexion, de même que des mouvements de déviation radiale ou cubitale lors de l’utilisation du ciseau, du lavage de tête, de l’application de la teinture ou de la confection d’une permanente. S’ajoute également une forme de vibration exigeant une préhension de la main droite lors de l’utilisation d’un séchoir. L'ensemble de ces gestes posés de façon répétée, sur une période de plus de 30 ans, représente autant d’éléments décrits dans la littérature médicale susceptible d’engendrer un syndrome du canal carpien droit chez une droitière: Clemens Charette et Salon de beauté Ernesto,386005-62C-0908, 09-12-23, M. Denis.

Syndrome du canal carpien gauche. Mécanicien d'entretien de pièces d'équipement dans une usine. Puisque le travail qu'il exécute sollicite de façon importante sa main et son poignet gauches, qu'il exécute avec force des mouvements à risque de développer un syndrome du canal carpien, qu'il y a utilisation de la force avec ce membre supérieur, et ce, durant plus de trois heures par jour, la prépondérance de probabilité démontre que ce syndrome du canal carpien au poignet gauche est relié aux risques particuliers du travail exercé par le travailleur. L'opinion de l'expert de l'employeur selon laquelle il est plus probable que les syndromes du tunnel carpien du travailleur soient en lien avec l'arthrite goutteuse (goutte) dont il est porteur ne peut être retenue. Si la composante personnelle était responsable des symptômes présentés chez le travailleur, ce dernier aurait présenté un tableau clinique superposable pour les deux membres supérieurs. De plus, pour nier la relation entre le travail et le syndrome diagnostiqué, l'employeur prétend que le travailleur avait exercé ce travail durant 40 ans sans éprouver de difficultés de cette nature. Or, ce facteur combiné à l'âge du travailleur sont des éléments qui, couplés avec les gestes effectués dans le cadre de son travail, établissent de façon prépondérante une relation causale entre le travail et le syndrome du canal carpien au poignet gauche: Kruger inc. et Coulombe, 2011 QCCLP 2187.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Manutentionnaire au publipostage. La travailleuse a posé des gestes de préhension des mains dans des amplitudes variables en fonction de l'épaisseur de la pile de volumes à saisir. Elle est soumise à une cadence imposée, de l'ordre de 5000 à 8000 volumes à l'heure, soit entre 63 et 133 volumes à la minute, ce qui constitue une cadence élevée. La travailleuse était soumise aux facteurs de risque de répétitivité au poste de publipostage. Elle avait à adopter des postures contraignantes, notamment de préhension avec pince digitale variable accompagnée de dorsiflexion, de flexion palmaire ou de déviation des poignets. Il s'agit là d'un second facteur de risque permettant d'établir une relation entre la lésion diagnostiquée et le travail effectué. À cela s'ajoutent des contrecoups au site de la lésion. Il y a donc présence d'une combinaison de facteurs de risque, soit la répétitivité, les contrecoups et les postures contraignantes: Imprimerie Solisco inc., et Veilleux, 2011 QCCLP 4434.

Maladies non reconnues

Syndrome du canal carpien. Lectrice de compteurs. Pour relier le syndrome du canal carpien au travail, l'on doit faire la preuve d'un traumatisme au niveau du poignet ou l'existence de mouvements répétitifs affectant les articulations de la main et du poignet. Et dans ce dernier cas, certains éléments tant au niveau des exigences du travail que de l'évolution clinique de la maladie doivent être retrouvés: Desloges et Hydro-Québec, [1995] C.A.L.P. 1649.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Soudeur. Les gestes répétitifs qui peuvent donner lieu à ce syndrome sont des mouvements d'extension et de flexion à amplitude extrême du poignet ou des mouvements de force de grippe continus entraînant la contracture des muscles fléchisseurs des doigts. Or, le travailleur n'effectue pas de tels mouvements; le protocole opératoire démontre une inflammation de la gaine des tendons, caractéristique d'une atteinte vasculaire de la gaine du médian, secondaire au diabète; la symptomatologie n'a pas disparu avec l'arrêt de travail et aucun mouvement précis n'a été identifié par le travailleur: General Motors du Canada ltée et Larocque, 61985-64-9408, 96-06-04, M. Cuddihy, (J8-06-05).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Secrétaire de direction. Les mouvements exercés par la travailleuse n'impliquent aucunement l'utilisation de force. De plus, au clavier, ils sont entrecoupés de mouvements variés. Ce n'est pas parce que la travailleuse ne semble pas avoir d'antécédents médicaux normalement associés au développement du canal carpien qu'il faut nécessairement conclure que ce sont des facteurs reliés au travail qui sont responsables du développement de cette lésion: Paradis-Lareau et Commission scolaire Le Gardeur, 55784-63-9312, 96-08-02, S. Di Pasquale, (J8-07-05).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Couturière depuis 1973. La travailleuse n'a pas été affectée à un poste précis. Elle était susceptible d'accomplir, à des fréquences diverses, les tâches reliées à 29 postes différents. Les mouvements étaient donc diversifiés et risquaient moins d'entraîner une compression du nerf médian. Quant au travail avec les ciseaux, impliquant deux opérations, compte tenu du peu de fréquence, le mouvement ne peut avoir entraîné la lésion diagnostiquée. De plus, chacune des opérations était effectuée avec une seule main. La maladie de la travailleuse n'est pas reliée aux risques particuliers du travail qu'elle a effectué: Ballin inc. et Drouin, [1998] C.A.L.P. 422.

Syndrome du canal carpien. Commis. La travailleuse n'a pas exercé un travail répétitif ou comportant l'un ou l'autre des facteurs de risque définis dans les études épidémiologiques invoquées. Quant au travail chez le premier employeur, travail sur ordinateur, il n'a pas été démontré qu'il s'exécutait durant de longues périodes consécutives, sans repos compensatoire et de façon non ergonomique. Quant à celui chez le second employeur, la pathologie a été diagnostiquée et était symptomatique bien avant son entrée en fonction. Quant à l'aggravation d'une condition personnelle, elle ne peut être retenue, aucun des emplois ne comportant de facteurs de risque: Dupuis et Développement ressources humaines Canada, [1998] C.L.P. 1397.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Cuisinier. L'exposition au froid est alléguée à titre de cofacteur de risque. Or, le fait de prendre des légumes dans des plats d'eau froide ne correspond pas aux risques établis par la doctrine médicale, en l'occurrence le travail à l'extérieur durant l'hiver, le travail dans une chambre froide ou lors de la manipulation de produits congelés. De plus, les manipulations de produits congelés ne sont pas assez significatives, puisqu'il ne le fait que quelques minutes par jour. Quant aux mouvements pouvant entraîner le syndrome du canal carpien, il s'agit principalement des mouvements de préhension de la main, de flexion ou d'extension du poignet et de flexion des poignets avec flexion des doigts. De plus, ces mouvements doivent être effectués avec force et à répétition. Or, il n'y a que de minimes flexions du poignet droit et, à gauche, le poignet est en position neutre. Les tâches sont diversifiées et sont effectuées à une cadence variée, d'où l'absence de répétition de mouvements. De plus, elles impliquent des mouvements très divers qui sollicitent de nombreuses structures anatomiques à des degrés différents: Pagni et Restaurant & Pub Pilsen inc., [1999] C.L.P. 257.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Auxiliaire en informatique. 7 000 frappes à l'heure. La travailleuse entre les données numériques de la main droite et utilise les deux mains pour les données alphanumériques. Le travail est hautement répétitif mais sans force. Les études épidémiologiques démontrent que le travail répétitif constitue un facteur de risque pour le développement du syndrome du canal carpien, surtout s'il est exécuté avec force. Elles démontrent aussi que le syndrome du tunnel carpien est multifactoriel (âge, sexe, ménopause), facteurs qui peuvent contribuer à l'apparition de la maladie. La travailleuse occupait son poste depuis 20 ans sans problème: Ministère du Revenu du Québec et Poitras-Beauvais, 59457-71-9406, 99-05-11, R. Brassard, (99LP-40), révision rejetée, 00-02-08, Anne Vaillancourt.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Emploi sur une ligne de parage de poulets. Le syndrome du canal carpien est en relation avec le diabète de la travailleuse. Les symptômes ont commencé quelques mois à peine après que le diabète fut diagnostiqué, alors qu'elle effectuait ce travail depuis cinq ans sans problème. De plus, la symptomatologie est bilatérale, ce qui cadre bien avec une maladie systémique, d'autant plus que les mouvements et efforts sont asymétriques. Des neuropathies peuvent se développer même lorsque la condition diabétique est contrôlée. Également, le travail est plus exigeant pour la main droite, alors que les symptômes se sont manifestés tout d'abord de l'autre côté: Exceldor Coop. Avicole et Beauchemin, 136023-62B-0004, 00-11-07, Alain Vaillancourt.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Emploi de caissière de supermarché. Il n’y a pas de relation entre ce travail et la maladie dont la travailleuse est atteinte car son travail n’implique pas de mouvements répétitifs des poignets et des mains avec utilisation de force. Par ailleurs, bien qu'une étude identifie quatre composantes explorées comme facteurs de risque, le travail de la travailleuse n’implique pas l’un de ces risques puisqu’il n'y a pas utilisation de force avec les poignets, elle ne doit pas tourner ou plier les poignets dans des amplitudes extrêmes, elle n'utilise pas des outils vibrants et elle n'est pas exposée au froid: Super C Division E.U.M.R. et Perreault, [2004] C.L.P. 588.

Syndrome de canal carpien bilatéral. Élagueur. Certains mouvements effectués par les élagueurs sont répétés plusieurs fois dans un quart de travail mais sans cadence imposée et sans qu'on puisse parler d'un travail répétitif au sens courant de ce terme. Il est difficile de parler de répétitivité quand on tient compte des temps de repos importants dont le travailleur bénéficie. Ainsi, la sollicitation des structures lésées, en plus d'être entrecoupée de plusieurs périodes de repos chaque jour, était entrecoupée d'une année à l'autre de longues périodes d'arrêt de travail. Par ailleurs, puisque le temps de travail se divisait surtout entre l'élagage à échelle ou à nacelle et l'abattage, le nombre de mouvements effectués chaque jour dans ces tâches ne peut mener à la reconnaissance de tâches répétitives. Et même si le travailleur doit effectuer plusieurs mouvements pouvant être à risque en ce qui concerne le syndrome du canal carpien, les amplitudes ne dépassent que très rarement les limites physiologiques acceptables. Quant au critère de la force, ce seul élément non combiné aux autres ne peut entraîner un syndrome du canal carpien. Concernant les vibrations, elles respectent les normes établies et puisque le travailleur porte des gants, cela les diminue. Il s'agit de plus d'un cofacteur de risque, qui doit donc se joindre à un facteur principal pour avoir un effet synergique. Quant au port de gants et au froid, ces critères sont loin de faire l'objet d'un consensus significatif dans la littérature ou de la communauté médicale. Par ailleurs, il est difficile de comprendre comment le travailleur aurait pu continuer à exercer ses fonctions pendant environ 10 ans après le début de la symptomatologie si son travail était la cause de sa lésion. Le fait qu'il soit retourné à son travail prélésionnel sans problème depuis n'est pas non plus de nature à indiquer une relation entre ce travail et la pathologie en cause. Également, la pathologie bilatérale était légère, ce qui ne serait pas raisonnablement explicable si un travail effectué plusieurs années avait été la cause de la pathologie. Au surplus, malgré ses retraits du travail, les douleurs se poursuivaient et ne diminuaient pas, ce qui milite en faveur de l'existence d'une condition personnelle. Enfin, le surplus de poids (obésité) du travailleur et son âge font en sorte qu'il était un candidat potentiel à ce qu'un syndrome du canal carpien survienne chez lui: Entreprises d'émondage LDL inc. et Rousseau, 214662-04-0308, 05-04-04, J.-F. Clément.

Syndrome du canal carpien bilatéral et épicondylite bilatérale. La tâche de «bouleur de pâte à pizza» comprend plus d’une séquence et il ne s’agit pas de gestes répétés sollicitant les mêmes structures de façon continue. D’ailleurs, le médecin régional de la CSST considère que la sollicitation des épicondyliens est faible, non contraignante et non abusive lors de l’exécution de cette tâche. En ce qui a trait au syndrome du canal carpien bilatéral, bien que les poignets soient sollicités, les gestes sont posés pendant une courte période, soit environ 15 minutes par recette, au plus sept fois par jour, et sans contrainte significative pour cette structure. De plus, cette tâche est suivie de nombreuses autres activités ne sollicitant pas nécessairement les poignets: R...P... et S... inc., [2006] C.L.P. 1038.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Chauffeur d'autobus. La posture des mains sur le volant n’implique aucunement une posture contraignante au niveau des poignets, aucune flexion ou extension n’excédant 45o. De plus, le travailleur peut varier constamment sa posture de conduite, posture qui s’inscrit à l’intérieur d'amplitudes qui permettent une zone de confort. Enfin, la preuve n’ayant nullement démontré que la conduite se faisait contre-résistance, l’élément force s’avère inexistant. Quant aux cofacteurs de risques, la CLP ne peut conclure que le travailleur fut exposé à des vibrations considérées à risques étant donné l’absence de démonstration de l’exposition à des types de vibrations segmentaires ou de haute fréquence. De même, l’exposition au froid n’a pas été démontrée. En ce qui a trait à l’usage du poinçon, la pression n’est pas directement exercée sur le canal carpien puisque l’appui sur le ressort du poinçon ne s’effectue pas à ce niveau mais plutôt au niveau de la base du pouce, soit au niveau de l’éminence thénar. Enfin, le fait que les symptômes aient été ressentis d’abord du côté gauche alors que le travailleur est droitier ne milite pas en faveur de l’origine occupationnelle du syndrome. Dans ce contexte, le fait que le travailleur soit porteur d’hypothyroïdie revêt toute son importance puisqu’il s’agit d’une condition personnelle qui peut, à elle seule, favoriser la manifestation d’un tel syndrome: Mainguy et R.T.C. Chauffeurs Restaurant L'International, 237481-32-0406, 06-04-21, C. Lessard, (06LP-20).

Syndrome du canal carpien bilatéral. Sableur de meubles. À la lumière de la doctrine médicale plus récente concernant les facteurs contributifs à l'apparition du syndrome du canal carpien, le tribunal retient l'opinion du médecin expert de l'employeur qui conclut que cette maladie est généralement idiopathique, qu’elle peut aussi être reliée à des conditions personnelles comme l’obésité, mais que les activités exercées au travail ne constituent habituellement pas un élément causal de cette pathologie. De plus, le travail de sableur ne comporte pas les facteurs de risque dont il est question dans la doctrine médicale moins récente, notamment la répétitivité, la force et la vibration de la main ou du poignet, ou la combinaison de ces facteurs de risque: Création Visu inc. et Martel, [2007] C.L.P. 31.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Serveuse. La travailleuse n’a pas démontré qu’elle doit «répéter sans arrêt les mêmes mouvements de la main» ou encore saisir ou pincer «de façon répétitive des objets tout en maintenant le poignet fléchi». Au contraire, son travail comporte des tâches variées et elle bénéficie de micropauses entre chacune de celles-ci. La seule donnée selon laquelle les tâches sollicitent ses poignets est insuffisante pour conclure que le syndrome du canal carpien est relié aux risques particuliers de l’emploi de serveuse: Bélisle et Restaurant Mikes, [2007] C.L.P. 1443, révision rejetée, [2008] C.L.P. 780.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Préposée à la production. Les tâches accomplies par la travailleuse, dans deux usines de biscuits, ne comportent pas de facteurs de risque susceptibles de causer un syndrome du canal carpien. Bien que l'on puisse retenir que la travailleuse fut appelée à exécuter des tâches qui comportent tantôt l’exécution répétée de mouvements de préhension d’objets avec pince digitale tantôt l’exécution répétée de mouvements de préhension pleine main, il n’en demeure pas moins que ces mouvements furent effectués sans usage de force et sans résistance: Biscuits Leclerc ltée et Morin, [2008] C.L.P. 863.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Préposée à l'entretien ménager dont la tâche principale était de laver les planchers de six étages, et ce, depuis neuf ans. Elle devait adopter une posture de préhension sur le manche de la vadrouille ou de la moppe à l'aide de ses deux mains et exercer des mouvements de flexion et d'extension des poignets. Même s'il arrivait que cette activité soit interrompue, il y a eu une sollicitation importante et répétée des poignets combinée à l'application d'une pression exigée afin de retenir les instruments de travail et de nettoyer adéquatement. De plus, les auteurs de la littérature médicale déposée par les deux parties s'entendent sur le fait que l'association de la force et de la posture contraignante augmente les risques d'apparition d'un syndrome du canal carpien. En outre, la pathologie développée est bilatérale et la travailleuse effectuait les mouvements à l'aide de ses deux mains. Enfin, elle ne présente aucune autre condition prédisposante ni facteur génétique et ne pratique aucune activité sportive ou personnelle pouvant être reliée à la survenance de cette maladie: Pilon et Centre de transition le Sextant inc., 350592-63-0806, 09-02-18, I. Piché.

Syndrome du canal carpien bilatéral. Foreur, mineur de construction et dynamiteur. Bien que les emplois impliquent des mouvements des mains et des poignets et l'utilisation d'équipement générant des vibrations, il n'a pas été démontré que le travailleur exécutait des mouvements de nature répétitive dans le cadre de ses fonctions. Au contraire, ses tâches étaient variées et ne sollicitaient pas de façon continue les mêmes structures anatomiques. D'autre part, aucune cadence ne lui était imposée et il profitait d'un temps de récupération suffisant. Dans ces conditions, le fait qu'il force de ses mains, l'exposition au froid et à l'humidité et le port de gants ne permettent pas de conclure à l'origine professionnelle de la lésion: Flageole et Biliton - division Mines Selbaie, 334959-08-0712, 09-07-03, P. Prégent.