LoiLATMP
TitreII LA NOTION DE LÉSION PROFESSIONNELLE: ART. 2, 25 À 31
Section4. Maladie professionnelle: art. 2, al. 15, 29 et 30
4.2 Article 30
4.2.2 Maladie reliée aux risques particuliers du travail
4.2.2.07 Les «.... ites»
Titre du document4.2.2.07.2 L'épicondylite
Mise à jour2011-11-01


Maladies reconnues

Épicondylite. Cuisinière dont le travail sollicite sans arrêt durant trois heures et demie par jour l'articulation du coude. En plus, elle effectue le service aux tables: Bourdeau et L'Oto délice enr., 11070-60-8901, 90-12-13, P. Capriolo, (J2-21-10).

Épicondylite. Éboueur dont le travail fait appel de façon importante aux membres supérieurs: Angers et Ville de Québec, [1993] C.A.L.P. 816.

Épicondylite. Peintre au fusil dont le travail exige de nombreux gestes de pression et de pronation-supination susceptibles de causer des douleurs en relation avec l'insertion épicondylienne des muscles extenseurs du poignet et des doigts: M.I.L. Davie inc. et Lefrançois, [1993] C.A.L.P. 1535.

Épicondylite bilatérale. Agent de recouvrement. À la suite de l'informatisation des opérations de recouvrement, il consacre 6 à 7 heures par jour au travail sur ordinateur, à un rythme de 30 à 40 mots par minute. La sollicitation régulière des muscles épicondyliens, la position ergonomique inadéquate et le stress auquel le travailleur a été soumis, ajoutés à l'augmentation de sa charge de travail durant les premiers mois de l'informatisation, ont créé des conditions de travail constituant un risque particulier pour le travailleur: Emploi & Immigration Canada et Graveline, 38674-60-9204, 94-12-20, L. Thibault, (J7-01-13).

Épicondylite. Cuisinière. La travailleuse devait préparer et servir, seule, un nombre très important de repas, plus de 80 deux fois par jour. Ceci impliquait donc une cadence très soutenue. Les gestes impliquant l'épicondyle sont les plus importants: Bouchard et Résidence La belle époque, [1996] C.A.L.P. 464.

Épicondylite. «Assembleur et ébarbeur». Les mouvements de supination de la main, en préhension avec extension du poignet, une activité répétée des petits muscles attachés à l'épicondyle: Valmet-Dominion inc. et Rotsztejn, 62122-60-9408, 96-06-06, M. Kolodny, (J8-06-04).

Épicondylite du coude droit. Caissière. Les gestes posés dans l'exercice de cette fonction sollicitent de façon importante les muscles épicondyliens droits, particulièrement lorsqu'elle prend, transporte et soulève les articles pour les présenter devant le lecteur optique: Piché et Provigo Distribution inc., [1997] C.A.L.P. 1334.

Épicondylite du coude droit. Agente de secrétariat dont le travail consiste à transcrire au clavier d'ordinateur des cassettes audio. Pendant plusieurs semaines, de six à sept heures par jour, la travailleuse a répété les mêmes mouvements des doigts et de la main en raison d'un surcroît de travail. Elle a mis à contribution son bras droit de façon particulière en utilisant la souris. Pendant cette période, les muscles extenseurs du poignet et des doigts ont été mis en tension, ce qui a créé une irritabilité et causé une affection inflammatoire à l'épicondyle: Pellicano et C.T. Serv. politiques santé-sécurité, 71519-60-9507, 97-03-11, B. Roy, (J9-02-11).

Épicondylite du coude droit. Commis support. Utilisation d'un traitement de texte. Neuf semaines après le début du travail, la travailleuse commence à ressentir des douleurs au coude droit. En plus du médecin de la travailleuse, deux rapports ergonomiques font état des risques particuliers dans l'exécution de ses tâches, eu égard à une possible épicondylite. Aussi, le fait que la condition de la travailleuse se soit améliorée pendant sa première période d'incapacité, puis aggravée après trois semaines de reprise de travail et de nouveau améliorée à la suite des modifications apportées à son poste de travail démontre que la symptomatologie était directement reliée aux efforts effectués au travail et était associée à l'utilisation du clavier et de la souris: Hydro-Québec et Parson, 77709-60-9603, 97-06-06, G. Robichaud, (J9-05-22).

Épicondylite externe du coude droit. Conducteur de tracteur. Des milliers de fois par jour, le travailleur devait, avec son bras droit, exercer des mouvements de pronation et de supination qui mettaient fortement à contribution les muscles extenseurs du poignet et des doigts ainsi que le long supinateur. Ces gestes étaient aussi exercés avec une forte pression lorsqu'il s'agissait particulièrement de faire incliner la lame du tracteur: Compagnie minière Québec Cartier et Lamarche, 77117-09-9602, 98-01-19, R. Ouellet, (J9-12-10).

Épicondylite externe au coude droit. Travailleuse affectée à l'assemblage de patins à roues alignées sur un convoyeur. Que l'on retienne la théorie selon laquelle l'épicondylite constitue une maladie dégénérative, ou celle qui la décrit comme un processus inflammatoire, ou encore la thèse d'une condition purement personnelle, si les gestes posés entraînent la manifestation de cette condition, cette lésion peut être indemnisable. En l'espèce, la présence d'une certaine répétitivité ainsi que l'exigence d'une certaine force du poignet et du coude droit sont suffisamment démontrées pour conclure à une relation entre les gestes posés et la lésion: Bauer inc. et St-Hilaire, 108541-64-9812, 99-08-12, R. Daniel, (99LP-126).

Épicondylite du coude gauche. Opérateur à l'usine d'épuration des eaux. Le travailleur exécute un ensemble de tâches nécessitant des mouvements de pronation et de supination des poignets, souvent associés à des mouvements de préhension, notamment lors de la manipulation de bouteilles en vue de l'analyse des échantillons. Il est médicalement reconnu que ces mouvements sont typiques pour expliquer l'apparition d'une maladie au niveau de l'épicondyle. En outre, il n'est pas toujours nécessaire de se retrouver devant le processus classique qui réunit les conditions prévues à l'annexe I. En effet, les conditions qui y sont énumérées visent l'application de la présomption et ne peuvent constituer une obligation à la reconnaissance d'une maladie professionnelle puisqu'elles ne tiennent pas compte du seuil de tolérance d'une personne ou d'autres causes pouvant en influencer l'apparition. Aucune autre cause ne peut expliquer l'apparition de la lésion: Bourgault et Ville de Victoriaville, 144817-04B-0008, 01-03-06, J.-M. Dubois.

Épicondylite du coude droit. Technologue en échographie. Il existe dans le travail exécuté par la travailleuse, une combinaison de facteurs de risque susceptibles de causer une épicondylite du coude droit, soit le statisme de la position du membre supérieur, qui peut être qualifiée de contraignante, la force nécessaire pour lutter contre la gravité et l’absence de périodes de récupération suffisante: Turcotte et Centre hospitalier Anna Laberge, [2005] C.L.P. 1169.

Épicondylite du coude gauche. Préposé à l'esthétique des voitures dont le travail consiste à laver, polir et cirer des véhicules usagés. Le travail exécuté sollicite les muscles épicondyliens, notamment lors de l'extension répétée ou forcée des coudes et des poignets, lors de la préhension soutenue, principalement lorsqu'il y a un poids significatif à manoeuvrer et qu'il y a des déplacements latéraux à effectuer sur des périodes prolongées. Même s'il y a une variété de tâches à effectuer, les principales tâches et celles qui demandent le plus de temps exigent une sollicitation presque constante des muscles épicondyliens. Par ailleurs, la lésion s'est développée et est devenue incapacitante pendant une période de pointe, soit entre mars et juin inclusivement. Durant cette période, la majorité du temps ou presque, le travailleur faisait du polissage sur des véhicules usagés, que ce soit avec le «buffer» ou avec la polisseuse orbitale. Il n'est pas nécessaire qu'il exécute du polissage six à huit heures par jour pour qu'un tel travail entraîne une épicondylite du coude gauche. Une période significative suffit, 15 à 20 heures par semaine en l'espèce, d'autant plus que la plupart des autres tâches sollicitaient les mêmes muscles épicondyliens, notamment le lavage de voitures, opération pendant laquelle le travailleur utilise également ses deux mains: Mercier Nissan inc. et Gendron, 249703-62C-0411, 06-08-24, M. Sauvé.

Épicondylite bilatérale. Préposée aux dossiers médicaux. Même si la travailleuse exécute trois fonctions différentes, son travail consiste essentiellement à manipuler des dossiers qui sont en grande partie classés dans des filières sur rail que l’on doit tirer, ce qui occasionne deux mouvements à risque pour les épicondyliens, soit la saisie à pleine main de la poignée des filières et une déviation radiale du poignet lors de la saisie des dossiers. Malgré l’absence de preuve sur l’effort de traction requis pour tirer les filières et sur le poids des dossiers, ces deux mouvements nécessitent un effort. Ce n’est pas entièrement l’effort de traction en soi qui sollicite les épicondyliens. Cependant, plus cet effort est grand, plus la préhension de la poignée doit être ferme et, par conséquent, plus intense doit être la contraction des muscles extenseurs, donc les épicondyliens pour stabiliser le poignet. Quant au poids des dossiers, plusieurs sont assez volumineux et la manipulation de ces poids dans un mouvement de pince pouce-index, impliquant un mouvement de déviation radiale du poignet, représente un effort significatif des épicondyliens. De plus, la travailleuse n’a pas d’antécédents, elle a commencé à ressentir des douleurs au coude gauche dans les mois qui ont suivi ce nouveau travail et elle a développé des douleurs semblables au coude droit lorsqu'elle a utilisé son membre supérieur droit: Langlois et Hôpital Sacré-Coeur de Montréal, 285463-61-0603, 07-06-18, L. Nadeau, (07LP-64).

Épicondylite bilatérale. Depuis 1972, le travailleur est peintre-débosseleur chez l’employeur. En septembre et en novembre 2001, il doit peindre deux gros véhicules et il commence à ressentir des symptômes aux coudes. L'épicondylite bilatérale dont il est atteint est reliée directement aux risques particuliers de son travail qu'il exerce depuis 30 ans. Le fait qu'il ait eu à exécuter à diverses reprises les mêmes tâches de façon soutenue à différentes périodes de temps entraîne une accumulation de microtraumatismes qui favorise l'installation graduelle de la dégénérescence des structures épicondyliennes: Automobile Paquin ltée et Gauthier, 196796-08-0212, 07-06-29, Monique Lamarre, (07LP-90).

Épicondylite gauche. Technologue en échographie cardiaque. Comme le positionnement de la sonde, de manière statique, requiert d’exercer une certaine pression, pendant une période suffisamment prolongée alors qu’elle ne bénéficie d’aucun soutien au niveau du coude, le mouvement de préhension avec pince combiné à la pression requise pour maintenir ce positionnement constitue, en l’espèce, un facteur de risque susceptible de causer une épicondylite: Ferguson et Clinique de physiothérapie Beauport, 293116-31-0607, 08-02-13, C. Lessard, (07LP-295).

Épicondylite bilatérale. Serveuse dans un restaurant. En période d'achalandage maximal, la travailleuse a eu à servir jusqu'à 45 clients au lieu d'une trentaine comme en période normale. En outre, l'apparition des douleurs a coïncidé avec le début de la période de surplus de travail et le premier diagnostic d'épicondylite bilatérale a été posé à cette époque où le poids des assiettes pouvait atteindre trois livres et demie chacune. Les services auxiliaires, dont le service de l'eau et du vin, n'ont pas eu un effet déterminant, mais ils ont également contribué à l'apparition de la lésion. Les gestes exécutés par la travailleuse lors du service à la clientèle constituent des risques particuliers de son travail puisque, d'une part, la préhension d'une assiette remplie de nourriture requiert l'utilisation d'une certaine force et que, d'autre part, l'extension du bras pour effectuer le service sollicite les épicondyles. De plus, la travailleuse devait souvent effectuer le service en se glissant entre deux clients attablés, ce qui n'assure pas une position idéale. Dans le cadre d'une période de surplus de travail où la répétitivité a été accrue pendant environ trois mois et demi consécutifs, ce cumul devient significatif: Côté et Restaurant Le Bordelais, 335629-02-0712, 08-11-03, R. Bernard.

Épicondylite du coude droit et trapézite. Hygiéniste dentaire. Le travail d'hygiéniste comprend des déviations de posture entraînant une sollicitation des épicondyliens suffisante pour causer une épicondylite. En outre, même si la sollicitation des épicondyliens varie selon l'instrument utilisé, l'emplacement en bouche et le client traité, il n'en demeure pas moins que cette sollicitation est suffisante pour causer une épicondylite et que la travailleuse utilisait pour la première fois des instruments à tubulure, soit les instruments les plus lourds selon le Guide de prévention des troubles musculo-squelettiques en clinique dentaire produit par l'Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales. Par ailleurs, en raison de la douleur, la travailleuse a dû adopter une autre posture, ce qui a engendré une trapézite: Adam et Clinique dentaire des Chenaux, 348379-04-0805, 09-03-24, R. Napert.

Les épicondylites du travailleur sont reliées aux risques particuliers de son travail de convoyeur de fonds. Les gestes décrits par le travailleur pour effectuer le transport des boîtes de monnaie et des sacs de billets de banque sollicitent les épicondyliens et la bilatéralité est reliée au fait que lorsque la douleur est apparue au membre supérieur gauche, le travailleur a commencé à utiliser davantage son membre supérieur droit: Pitre et G4S Service Valeurs (Canada) ltée, 311847-62-0703, 09-03-31, L. Couture, (08LP-279).

Épicondylite bilatérale. Policier qui effectuait un entraînement depuis quelques mois sur un vélo stationnaire. L'entraînement fait partie intégrante de son travail de policier. L'apparition de la symptomatologie dans les semaines qui ont suivi le début de l'entraînement sur le vélo stationnaire et sa régression avec l'arrêt de la contrainte posturale au niveau des épicondyliens militent en faveur de la reconnaissance d'une maladie professionnelle reliée aux risques particuliers de son travail: Hamon et Service de Police de Longueuil,344923-62B-0803, 09-04-28, M. Allard.

Épicondylite du coude droit. Couvreur. Les tâches du travailleur sont variées, mais sollicitent de manière quasi constante les mêmes structures dont les épicondyliens. En effet, tous les outils utilisés impliquent un mouvement de préhension pleine main combiné à une certaine pression ou effort. Or, l'exécution constante de ces mouvements est susceptible d'occasionner une épicondylite. Au moins 35 % du temps travaillé sur des toitures d'asphalte consiste à décoller les bardeaux en les frappant avec une pelle maniée avec la main droite sur le manche. Or, des efforts sont déployés, en plus des contrecoups ressentis pour faire un mouvement de levier en insérant le bout de la pelle sous les morceaux de bardeau pour les décoller. Par ailleurs, 65 % du temps est consacré à la réfection de la toiture. Or, l'usage des outils, tels le fusil à air, le moine à batterie, le couteau à bardeau, la scie portative, les ciseaux à tôle, le pistolet à calfeutrer et la truelle à goudron impliquent un mouvement de préhension pleine main associé tantôt à une pression ou un effort: Légaré et Construction C. R. Bolduc inc.,393068-31-0910, 10-03-09, C. Lessard.

Épicondylite bilatérale. Commis aux mets préparés effectuant particulièrement la coupe de légumes, de viandes et de fromages. Une grande partie de ses tâches implique une sollicitation fréquente et répétitive, sur des périodes prolongées et avec une certaine force des muscles épicondyliens. Même si la travailleuse effectue des tâches variées, une grande partie de celles-ci implique néanmoins une sollicitation des épicondyliens. Même s'il n'y a pas de cadence imposée par une machine ou un quelconque instrument de mesure, le rythme de travail est rapide: Parent et Alimentation M. Bellavance, 372327-01A-0903, 10-04-26, M. Sansfaçon.

Épicondylite au coude droit. Désosseur de «picnics» et de pièces de 5.5 lb. Même si le travail d'un boucher dans une épicerie peut être plus exigeant en raison de la force déployée pour soulever les pièces de viande à découper, désosser ou transporter, le désosseur de «picnics», dans une chaîne de production, n'a pas un travail aussi varié. En effet, les mêmes muscles sont contractés dans un court cycle de travail, sans repos compensateur pour les épicondyliens. La séquence de mouvements faits avec une certaine force et dans une posture du poignet droit, qui est rarement neutre, est continue et non entrecoupée d'une période de repos compensateur, surtout lorsque le travailleur désosse les pièces seul, peu importe le poste occupé. Il y a une préhension continuelle de la main sur le manche du couteau en position statique, si le travailleur ne bouge pas avec celui-ci, ou en sollicitation dynamique, lorsqu'il découpe ou désosse. Ainsi, des mouvements de flexion, d'extension, de pronation et de supination avec, parfois, des mouvements de déviations cubitale et radiale sont faits avec la main droite lorsqu'il désosse ou découpe des morceaux. Par ailleurs, il y a d'autres facteurs de risque, tels le port d'un gant à la main droite, une déficience sporadique dans l'affilage, une viande plus dure ou plus sèche si elle est plus froide et une température ambiante d'environ 4°. En outre, les vêtements portés à ce poste empêchent une fluidité des mouvements des membres supérieurs. En période de pointe, la production est plus importante que la normale: Rancourt et Olymel Vallée-Jonction, 284507-03B-0603, 10-09-28, R. Savard.

Épicondylite bilatérale. Massothérapeute. La prétention de l'employeur selon laquelle il n'y a pas de cadence ni de fréquence dans les tâches de la travailleuse ne peut être retenue. Il ressort plutôt de la preuve qu'elle est exposée aux facteurs de risque qui ont contribué significativement au développement de son épicondylite bilatérale, compte tenu du nombre de clients, de la durée des massages (30 à 90 minutes) et du fait qu'elle doit respecter un horaire de rendez-vous. Dans ce contexte, les pauses de 15 minutes entre les massages ne constituent pas une période de récupération suffisante. Une telle période doit s'apprécier en fonction de l'ensemble des activités exercées par la travailleuse: Spa Le Finlandais et D'Arcy, 2011 QCCLP 3979, révision pendante.

Épicondylite au coude droit. Margeur qui doit notamment alimenter une presse afin qu'elle ait le papier requis et l'encre nécessaire. Ses tâches consistent à prendre des piles de papier pour y faire entrer de l'air, à laver les cylindres de la presse avec une éponge et à les essuyer. Bien que le travailleur n'ait pas produit une preuve portant sur les mouvements qui sollicitent les muscles épicondyliens, le tribunal peut faire appel à sa connaissance d'office conformément à l'article 26 du Règlement sur la preuve et la procédure de la Commission des lésions professionnelles: Isabelle et Imprimerie World Color inc., 2011 QCCLP 6173.

Maladies non reconnues

Épicondylite bilatérale. Aide alimentaire. Les différentes activités réalisées dans le cadre du travail ne comportent pas de gestes répétitifs avec impact ou force élevée ou des gestes répétitifs avec déviation importante ou mouvements extrêmes d'extension ou de supination des poignets et de doigts pouvant avoir causé l'apparition de l'épicondylite bilatérale. La travailleuse exécute beaucoup de mouvements de préhension légère, mais pas de mouvements de supination ou d'extension du poignet et des doigts, soit les mouvements qui sont susceptibles d'impliquer les muscles épicondyliens. Ainsi, les gestes posés par la travailleuse contiennent des répétitions mais il ne s'agit pas de gestes répétitifs: Leduc et Centre d'accueil du Haut St-Laurent, 48266-62-9212, 95-09-11, M. Lamarre.

Épicondylite au coude droit. Téléphoniste depuis 1976. À compter de 1980, remplacement des postes «à cordes» par un système informatique. Les appels étaient désormais distribués automatiquement par ordinateur aux téléphonistes, lesquelles devaient travailler devant un écran cathodique et utiliser un clavier numérique. À l'époque où elle travaillait à un poste «à cordes», la travailleuse devait utiliser ses membres supérieurs. Toutefois, la preuve est trop générale pour servir de base à une réclamation pour maladie professionnelle. Quant à la relation entre l'épicondylite et l'installation d'un système informatisé, il n'est pas non plus établi qu'elle soit une maladie professionnelle. Elle n'est pas une maladie reliée aux risques particuliers de ce travail. Aucun risque ergonomique, organisationnel ou psychosocial n'a été établi. Aucune des nombreuses études déposées n'associe l'épicondylite à un geste exécuté sans effort dynamique ou statique mesurable, dans une posture non contraignante et comportant seulement une faible répétition d'un mouvement de flexion-extension du poignet librement effectué. Les auteurs reconnaissent majoritairement que les lésions musculo-squelettiques résultent normalement de la combinaison de plusieurs facteurs, dont la répétitivité, l'effort soutenu, les postures contraignantes et l'absence de récupération: Tremblay et Bell Canada, [1997] C.A.L.P. 963.

Épicondylite au coude droit. Préposée à la cuisine. La travailleuse n’a pas exécuté de mouvements répétitifs sollicitant de façon exagérée la structure de l'épicondyle de nature à entraîner une épicondylite à son coude droit. En effet, la longue description de tâches démontre qu'elle exécute un grand nombre de tâches diversifiées durant un quart de travail sollicitant différentes structures de ses membres supérieurs, que ce soit les doigts, les poignets, les coudes ou les épaules. Il y a une variété de mouvements entrecoupés de périodes de repos ou entrecoupés par l’exécution d’autres tâches sollicitant d’autres structures que les mains ou les poignets. Même si certains mouvements sollicitent de façon plus particulière la structure de l’épicondyle, ceux-ci ne sont pas effectués de façon continue, exagérée ou dans des positions contraignantes. Elle effectue par ailleurs plusieurs tâches avec les membres supérieurs, notamment lorsqu’elle manipule les cabarets contenant les repas des bénéficiaires. De plus, le mouvement de préhension pour saisir le support pesant environ cinq livres sollicite peu les muscles épicondyliens alors que ces mouvements étaient effectués environ une quarantaine de fois par quart de travail seulement. Quant au lavage des chaudrons, cette tâche peut paraître exigeante, mais elle n’était pas effectuée de façon continue durant toute la journée de travail. Il s’agissait d’une tâche parmi d’autres qui était effectuée à des moments précis de la journée après le service des repas. Maladie non reconnue: Moore et C.L.S.C. de l'Érable, 92808-04-9712, 98-11-18, J.L. Rivard.

Épicondylite des coudes droit et gauche. Trieur de courrier. Les facteurs de risques associés à une épicondylite autre que traumatique sont des mouvements importants de supination de l'avant-bras avec effort, des mouvements d'extension du poignet avec effort et de déviations radiales avec effort du poignet. De plus, les gestes posés doivent impliquer un mouvement inhabituel exagéré avec force ou contre résistance. Il faut prendre en considération les structures anatomiques visées et les mouvements susceptibles de déclencher l'apparition de la pathologie. Ces facteurs de risque doivent comporter une certaine répétitivité et il faut tenir compte aussi de la période de temps pendant laquelle ces mouvements sont effectués. Ainsi, la répétition de mouvements doit être associée à des facteurs de risque comme la fréquence, la force ou la résistance, la durée, le rythme et la cadence imposée. Or, un travailleur qui passe de nombreuses années à poser les mêmes gestes normaux et habituels ne peut soudainement devenir victime de ces mêmes gestes, à moins qu'il y ait un changement, une modification dans ces mouvements qui deviennent plus fréquents, plus difficiles, plus exigeants à cause de changements dans les exigences du travail. En l'absence de tout changement dans la charge ou les conditions de travail, il ne peut être accepté que ce qui était normal et inoffensif devienne soudainement dommageable ou à risque pour le travailleur. L'analyse des tâches du travailleur ne permet pas de retrouver les facteurs de risques décrits comme étant susceptibles de causer une épicondylite. S'il y avait répétitivité de mouvements, elle n'était pas assortie d'une force de résistance significative ni d'une amplitude articulaire nocive: Société canadienne des postes et Émond, 40392-60-9206, 99-06-30, J.-M. Duranceau, (99LP-110).

L'étude de NIOSH en 1997 confirme la conclusion retenue en 1994 dans la cause Société canadienne des postes et Grégoire-Larivière, selon laquelle la présence d'un seul des trois facteurs de risques reconnus par la littérature épidémiologique, soit la répétition, la force et la posture, dans les activités professionnelles est généralement insuffisante pour conclure à l'existence d'un lien de causalité entre le travail et l'épicondylite. Cette maladie n'est pas reliée au travail de boucher exercé par le travailleur depuis 23 ans mais résulte plutôt d'une diminution de ses capacités personnelles: Marché Fortier ltée et Fournier, [2001] C.L.P. 693.

Épicondylite au coude droit. Infirmière affectée à la collecte de sang à raison de trois jours par semaine. La travailleuse doit effectuer de nombreux mouvements sollicitant souvent les extenseurs du poignet qui s'insèrent à l'épicondyle et de nombreux mouvements de préhension. Beaucoup de mouvements impliquant le coude sont réalisés dans un quart normal de travail. Cependant, il ne s'agit pas toujours de mouvements impliquant les extenseurs. Les membres supérieurs sont sollicités dans presque tous les axes, selon les tâches requises. Ce n'est qu'à l'occasion que certains mouvements sont réalisés dans des positions contraignantes. De façon générale, le travail requiert des gestes qui s'effectuent dans des positions physiologiques. Quant aux gestes de préhension, ils sollicitent aussi les extenseurs du poignet afin de tenir la main en position neutre ou d'appuyer le poignet. Toutefois, le geste se fait dans une position physiologique, sans amplitude extrême. Les extenseurs ne sont sollicités que de façon indirecte, ce qui ne peut avoir la même incidence sur la structure que lorsqu'un geste requiert l'utilisation des extenseurs. Les gestes identifiés comme étant les plus douloureux comprennent entre autres celui d'installer le garrot, celui où elle doit procéder au «clampage» et au «déclampage» de la pince hémostatique, celui où elle doit installer les chaises de saignée, et celui où elle doit brasser et enrouler les sacs. Ces gestes sollicitent les extenseurs mais sans efforts importants. Au surplus, chacun de ces mouvements est exercé de façon brève. De plus, la travailleuse bénéficie de temps de repos important et exerce son emploi à temps partiel. Également, bien que l'étiologie de l'épicondylite soit inconnue dans une certaine proportion de cas, la travailleuse a exercé des activités de tennis jusqu'en 1992, soit à l'apparition des premiers symptômes. Cet élément doit être pris en considération puisque la pratique du tennis est souvent associée à ce type de lésion et que la travailleuse est droitière: Parent et C.H. Maisonneuve-Rosemont, 92376-73-9711, 01-04-19, F. Juteau.

Épicondylite au coude droit. Serveuse. La sollicitation des épicondyliens est insuffisante pour conclure à un lien de causalité entre la lésion diagnostiquée et le travail. Le travail de serveuse comprend diverses tâches, qui ne sollicitent pas en tout temps les structures atteintes: l'accueil des clients, la prise des commandes, le transport et le dépôt des breuvages sur la table. Ces tâches procurent donc un temps de récupération des structures épicondyliennes. De plus, les mouvements qui sollicitent les épicondyliens en tant que stabilisateurs ne sont pas exécutés à une cadence élevée, et ce, malgré l'application chez l'employeur de la politique «Jamais les mains vides». Au surplus, les charges manipulées sont variables et la charge la plus importante, évaluée à sept livres, n'est pas constamment transportée. La travailleuse n'a pas non plus démontré que son travail comportait des mouvements d'extension ou de flexion du poignet droit ni de supination ou de pronation dans des amplitudes articulaires importantes. En outre, son horaire régulier est de trois jours semaine, ce qui lui accorde quatre jours de congé par semaine qui sont autant de jours de récupération: Simard et Rôtisseries Saint-Hubert ltée, 139749-04B-0005, 03-12-09, D. Lajoie.

Épicondylite au coude droit. Préposée aux chambres. Les mouvements effectués pour faire le ménage des chambres sont variés et même si certains sollicitent un peu les muscles épicondyliens, il ne s'agit jamais de mouvements continus et/ou répétés sur une longue période de temps et qui exigent en même temps de la force. La notion de répétitivité implique l'absence de temps de récupération pour les muscles sollicités, ce qui n'est pas le cas dans la présente affaire. En effet, la travailleuse change d'activité, par exemple elle se rend chercher les draps et les serviettes propres après avoir ramassé les serviettes utilisées, le rideau de douche et défait le lit et, pendant que les produits vaporisés dans la salle de bain agissent, elle fait le lit et l'époussetage. De plus, tous ces mouvements n'impliquent que de faibles charges, exigeant donc peu de force, et ne sont pas effectués pendant une longue période de temps: Gaudreault et 91134775 Québec inc., 226649-32-0402, 04-09-29, L. Langlois.

Épicondylite au coude droit. Greffière et secrétaire à la cour. La travailleuse n'a pas démontré l'existence d'une relation entre les gestes posés dans le cadre de son travail et l'épicondylite du coude droit dont elle est atteinte. Bien qu'elle indique prendre des notes rapidement, devant appuyer fortement et avec vigueur sur son crayon, les gestes requis par l’écriture ne sollicitent pas les muscles ou tendons épicondyliens. L'écriture en elle-même met beaucoup plus à contribution les tendons fléchisseurs que les tendons extenseurs, et la mécanique des mouvements n’entraîne pas une sollicitation importante des épicondyliens. Par ailleurs, la travailleuse joue au tennis deux fois semaine et les gestes posés dans l'exécution de ce sport sont directement à risque de développer ce type de maladie: Bouchard et Ministère de la Justice, [2006] C.L.P. 913.

Épicondylite au coude droit. Vétérinaire. Inspection des carcasses d'animaux. Les risques particuliers du travail, en matière d'épicondylite, sont les mouvements d'extension, de supination et de déviation radiale du poignet contre résistance. La préhension ne peut être reconnue contributoire que si elle s'exerce avec une charge importante et de façon soutenue. L'épicondylite est associée à un travail qui implique l'usage de la force et davantage si le travail comporte en plus l'accomplissement de mouvements répétitifs ou des postures contraignantes. Selon la littérature médicale, les tâches nécessitant des mouvements répétitifs ou répétés, avec force, d'extension ou de flexion du poignet, de supination et de pronation, particulièrement avec le coude en extension, de préhension ou de pince peuvent être à l'origine d'épicondylites ou d'épitrochléites. D'ailleurs, les mouvements de pronation et de flexion du poignet sont associés à l'épitrochléite alors que les mouvements d'extension et de supination du poignet s'associent plutôt à l'épicondylite. En l'espèce, la preuve ne permet pas de conclure à l'exécution, de mouvements répétitifs sur des périodes prolongées et, surtout, de mouvements qui sollicitent les muscles épicondyliens, avec force ou contre résistance. Les mouvements généralement effectués par la travailleuse le sont avec le poignet en position neutre et avec une préhension pleine main. De plus, aucune résistance ou force n'est généralement en cause puisque ce n'est que lorsqu'elle est appelée à retourner le foie qu'un mouvement de supination résistée est combiné à la manipulation d'une charge et donc à l'usage d'une certaine force. Or, ces mouvements, effectués ponctuellement, sont de courte durée. Quant aux mouvements pour entrouvrir la carcasse suspendue devant elle et procéder à l'inspection des reins, ils sont plutôt compatibles avec le diagnostic d'épitrochléite puisqu'ils sollicitent des muscles épitrochléens. Pour ce qui est de la hauteur de certains postes de travail qui l'oblige à adopter une posture contraignante, on ne peut conclure que cela contribue à causer l'épicondylite. En outre, les incisions se font sans effort ou résistance et aucun des gestes mis en preuve n'implique un mouvement d'extension résistée avec le poignet. Quant à la charge manipulée, elle se limite au poids du couteau, et le caractère soutenu et prolongé de cette sollicitation demeure questionnable puisque la travailleuse ne passe qu'une journée par semaine à faire l'inspection de veaux et d'agneaux: Gauthier et Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, 277180-31-0511, 07-04-05, C. Lessard.

Épicondylites. Enseignant. Les épicondylites du travailleur ne sont pas reliées aux risques particuliers de son travail d'enseignant. Il n'a pas réussi à démontrer que les gestes effectués dans le cadre de son travail, notamment lorsqu'il écrit au tableau et qu'il efface l'information inscrite, sollicitent suffisamment les muscles dorsifléchisseurs des poignets de manière à provoquer une réaction inflammatoire sous la forme d’épicondylites latérales: Boulé et Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, 383825-05-0907, 10-01-12, M.-C. Gagnon, (09LP-207).