LoiLATMP
TitreII LA NOTION DE LÉSION PROFESSIONNELLE: ART. 2, 25 À 31
Section4. Maladie professionnelle: art. 2, al. 15, 29 et 30
4.2 Article 30
4.2.2 Maladie reliée aux risques particuliers du travail
4.2.2.11 Les syndromes
Titre du document4.2.2.11.5 Autres syndromes
Mise à jour2011-11-01


Syndrome d'intersection

Charpentier menuisier dans l'industrie de la construction. Syndrome d'intersection. Le travailleur a démontré que la maladie dont il souffre est reliée directement aux risques particuliers de son travail. Ce syndrome ne peut survenir que si la personne qui en souffre présente des anomalies anatomiques. Il s'agit donc d'une condition personnelle préexistante qui a été rendue symptomatique par les conditions de travail particulières du travailleur, tel qu'il ressort des faits précis, graves et concordants mis en preuve. En effet, le travailleur présente une hypertrophie du muscle extenseur long du pouce situé en regard de son croisement avec les muscles du deuxième compartiment et, selon le médecin qui a charge, les gestes posés pour clouer, arracher des clous et hisser de l'équipement, du bois et des échafaudages à l'aide d'une corde impliquent des mouvements du poignet droit qui ont joué un rôle prépondérant dans le développement du syndrome d'intersection: Pomerleau inc. et Goyet-Meunier, 2011 QCCLP 845.

Syndrome de Chrug-Strauss

Le travailleur est affecté à des travaux de réparations d’un navire. Durant ces travaux, il est exposé à des solvants, peinture et poussière, et ce, 24 heures sur 24, puisqu’il doit coucher sur le bateau. Le fait que les conditions personnelles du travailleur, notamment un asthme léger, l’aient prédisposé à devenir porteur d’un syndrome de Churg-Strauss ne peut pas occulter l’évidence qu’il a été exposé à des conditions de travail très particulières qui ont joué un rôle significatif de déclencheur et sans lesquelles ce diagnostic ne serait probablement pas apparu. Le travailleur a subi une lésion professionnelle notamment sous l'angle de la maladie professionnelle en raison des risques particuliers de son travail pendant la période où il a procédé à la réfection du bateau, soit huit semaines: Morency et Fruits de mer St-Paul ltée, 282356-09-0602, 07-07-20, J.-F. Clément, (07LP-87).

Syndrome de fatigue chronique

Dentiste. Le diagnostic n'est pas remis en cause. Même en admettant que le syndrome de fatigue chronique est une maladie d'origine virale transmissible par des microgouttelettes, rien ne permet d'établir que la travailleuse a contracté sa maladie dans l'exécution de ses tâches. Elle peut tout aussi bien avoir été exposée en dehors de son travail au virus responsable de sa maladie. Maladie non reconnue: Vandewaetere et C.L.S.C. Causapscal, 56061-62-9312, 95-08-23, L. McCutcheon, (J7-08-14).

Les diagnostics d'intoxication au cadmium et de syndrome de fatigue chronique sont en relation avec les risques particuliers du travail de conseiller en développement pour lequel le travailleur demeurait dans une réserve indienne. Bien que l'activité de se nourrir soit purement personnelle, dans le contexte de travail du travailleur, l'approvisionnement en nourriture se faisait localement et le travailleur se trouvait exposé à un risque particulier, à savoir le contact avec le cadmium dans les abats des animaux sauvages. Quant au syndrome de fatigue chronique, il s'est développé après que le travailleur a été exposé au virus de l'entérite en raison de la piètre qualité de l'eau: St-Denis et L'Association de développement des Algonquins inc., 199595-63-0302, 06-06-27, D. Besse, (06LP-82).

Syndrome de la crampe de l'écrivain

Opératrice d'ordinateur effectuant 30 à 70 mille frappes par jour sur un clavier d'ordinateur. Il est révélateur de constater que ce syndrome affecte surtout les personnes appelées à effectuer dans leur travail des gestes répétitifs légers. Maladie reconnue: Revenu Canada, Douanes et Accises et Denis-Beaudoin, [1987] C.A.L.P. 32.

Syndrome du canal olécranien

Syndrome du canal olécranien des deux coudes. Décortiqueur saisonnier de crabes. Condition personnelle de défilé thoracique. Maladie non reconnue: Santerre et Fruits de mer Est du Québec ltée, [1992] C.A.L.P. 1122.

Syndrome du marteau hypothénar

Thrombose de l'artère cubitale ou syndrome du marteau hypothénar. Monteur de lignes. De 1997 à 2000, le travailleur utilisait constamment sa main droite plusieurs centaines de fois par jour, s'en servant comme d'un marteau, pour ajuster les boulons et écrous qui servaient à arrimer les poteaux. Le syndrome du marteau hypothénar, quoique étant une cause rare d'ischémie des membres supérieurs, est néanmoins bien documenté dans la doctrine médicale. Ainsi, particulièrement en raison des gestes de la paume de la main effectués par le travailleur plusieurs centaines de fois par jour, il y a un lien entre le travail et la pathologie diagnostiquée. Enfin, même si le travailleur, en dehors du travail, a utilisé des outils vibrants comme la scie mécanique, il ne s'en servait que pendant de courtes périodes (coupe annuelle de quatre cordes de bois) et dans des compétitions de scie mécanique (deux ou trois au cours des dernières années). Par ailleurs, il a utilisé, dans le cours de son travail, des outils vibrants depuis plus de 30 ans. Si tant est que la pathologie ait pu avoir été favorisée par les outils vibrants, il demeure que la partie personnelle d'une telle utilisation ne fait pas le poids avec celle où de tels outils étaient utilisés pour des fins professionnelles: Gagnon et Entr. Québec Excavation Leqel 1993 ltée, 212184-32-0307, 04-02-10, R. Ouellet.

Syndrome du marteau hypothénar et anévrisme de l'artère cubitale droite. Ouvrier dans une scierie. Utilisation d'un crochet pour manipuler des morceaux de bois pour la coupe. Onze mois après avoir commencé ce travail, il a ressenti des engourdissements à l'index, l'annulaire et l'auriculaire avec apparition de ce qu'il appelle des doigts «blancs». Non seulement l'apparition a été concomitante à la fonction exercée, mais le mouvement effectué était lui-même de nature à entraîner clairement des contrecoups à la paume: Bourget et Scierie Luc Blouin, 357360-31-0809, 09-01-29, J.-L. Rivard.

Syndrome facettaire

Syndrome facettaire cervical. Préposée à l'admission d'un centre hospitalier qui doit fréquemment s'étirer et placer sa tête en hyperextension pour effectuer son travail. Maladie reconnue: Pelletier-Turgeon et Centre hospitalier Rouyn-Noranda, 04563-08-8709, 90-01-17, M. Paquin, (C1-13-23).

Syndrome facettaire cervical. Secrétaire-réceptionniste. L'atteinte articulaire ne peut avoir été causée par l'introduction du travail à l'écran cathodique, celle-ci étant trop récente en fonction de la période concernée par le litige. Maladie non reconnue: Aubuchon et Syndicat de l'enseignement de Lanaudière, [1993] C.A.L.P. 1622.

Lombalgie mécanique avec syndrome facettaire et irritation facettaire résiduelle située aux niveaux L4-L5 et L5-S1 bilatéral. Opérateur d'abatteuse. Il y a une relation probante entre la maladie du travailleur et son travail exercé pendant près de 20 ans, pour une durée significative d’exposition d’environ 35 000 heures. Selon différentes études, les vibrations ont une incidence importante sur les affections chroniques du rachis lombaire d’un individu. D’ailleurs, une ergothérapeute conclut que les exigences physiques des tâches reliées à l’opération d’une abatteuse sont contraignantes pour la région lombo-sacrée et présentent des caractéristiques en lien avec des risques de blessure qui sont la présence de vibrations de basses fréquences, le maintien prolongé de la position assise, l’actionnement de pédales de manière soutenue et la marche sur terrain accidenté. En outre, le fait que le travailleur doit être attaché à son siège témoigne de la vigueur des secousses et des contrecoups pouvant être ressentis à la colonne lombo-sacrée. Quant à la durée d’exposition, elle est suffisamment importante, soit environ 20 ans, pour conclure à l’existence d’une maladie professionnelle reliée aux risques particuliers de ce travail: Blais et Forestiers Marcel Blais inc., [2005] C.L.P. 1437.

Syndrome myofascial scapulaire

Préposée aux guichets automatiques. Le syndrome myofascial scapulaire gauche est attribuable directement aux risques particuliers du travail de la travailleuse. Afin d'atteindre les cases du pigeonnier où elle classe les effets, la travailleuse exécute, de façon répétée et quotidiennement, des mouvements d'élévation antérieure de l'épaule atteignant et excédant même 90 degrés, ces mouvements s'ajoutant à une posture impliquant une certaine extension au niveau cervical: Banque Nationale du Canada et Corriveau, 187822-32-0207, 03-10-30, C. Lessard, (03LP-217).

Syndrome patello-fémoral

Syndrome patello-fémoral bilatéral. Grutier durant six ans. Utilisation d'une force supérieure aux normes pour l'activation des pédales dans une position de la cuisse et de la jambe non ergonomique selon la norme prescrite. La condition du travailleur s'améliore lors du retrait de son travail. Maladie reconnue: Perron et Société d'électrolyse et de chimie Alcan ltée, 92196-02-9711, 00-04-26, P. Ringuet.

Syndrome post-poliomyélite

Syndrome post-poliomyélite et condition dégénérative lombaire associée. Superviseur-chimiste durant 25 ans. L'hypothèse que l'activité physique excessive déployée au travail aurait favorisé une désintégration périphérique des unités motrices, ne peut être retenue. Elle n'apparaît être qu'une cause parmi d'autres. Quoi qu'il en soit, les tâches du travailleur n'exigent pas qu'il soit excessivement actif sur le plan physique, son travail étant en bonne partie sédentaire. D'autre part, d'autres facteurs de risque sont présents chez le travailleur, soit son âge au moment où le syndrome post-polio a été diagnostiqué (plus de 50 ans), la période de temps qui s'est écoulée entre l'épisode initial survenu alors qu'il avait un an et demi et l'apparition du syndrome. De plus, il est reconnu que 50% de la population ayant souffert de poliomyélite développera le syndrome post-polio, ce qui est d'autant plus probable dans le cas du travailleur dont l'affection originale en bas âge a été sévère. Maladie non reconnue: Pignatelli et Rayonese Textile inc., [1997] C.A.L.P. 237.

Sclérodermie et syndrome de Raynaud

Sclérodermie et syndrome de Raynaud comparés à la maladie de Raynaud. Il faut distinguer le syndrome de Raynaud de la maladie de Raynaud. Le syndrome est une manifestation qui peut accompagner un très grand nombre de maladies. Quant à la maladie, elle peut être causée par des expositions prolongées au froid et aux vibrations. Opérateur de moulin à scie. Travail comportant l'utilisation d'outils vibrateurs à haute et basse fréquences. Longue période de temps entre les vibrations et la manifestation des symptômes du syndrome de Raynaud, il est plutôt en relation avec une maladie personnelle. Maladie non reconnue: Cie Minière Québec-Cartier et Caron, 26987-01-9102, 92-10-01, R. Chartier, (J4-18-23).

Syndrome de Raynaud. Mécanicien classe «B». L'exposition du travailleur à des vibrations est insignifiante sur les lieux du travail. Les fonctions du travailleur ne peuvent d'aucune façon se comparer à celle d'un tuyauteur, d'un foreur-dynamiteur ou d'un ferblantier-couvreur. Au plan médical, aucune atteinte vasculaire n'est identifiée. La pléthysmographie et le test de récupération de la température digitale sont normaux. Maladie non reconnue: Lebel et CSST, 67971-02-9503, 95-11-03, M. Renaud.

Syndrome temporomandibulaire

Syndrome temporomandibulaire gauche. Interprète orale pour des étudiants au secondaire depuis 1990. Bien qu'un syndrome soit un ensemble de symptômes ou de signes, par opposition à une blessure ou une maladie, une lésion professionnelle peut être reconnue dans la mesure où la preuve factuelle et médicale démontre qu'une symptomatologie est d'origine occupationnelle. Le syndrome temporomandibulaire gauche de la travailleuse découle de son travail. Elle devait effectuer des mouvements soutenus et amplifiés de l'articulation temporomandibulaire. À compter d'août 1997, elle a effectué de l'interprétation orale pendant un peu plus de cinq heures par jour, cinq jours par semaine pour la quasi-totalité du temps. Également, les microtraumatismes répétés au niveau de l'articulation temporomandibulaire, résultant notamment de certaines activités buccales comme en l'espèce, sont reconnus en littérature médicale comme pouvant entraîner un tel syndrome. L'opinion du médecin de l'employeur ne peut être retenue. D'abord, l'hypothèse selon laquelle la travailleuse serait édentée ou souffrirait d'arthrose a été niée. Ensuite, même s'il n'y a pas «d'exagération démesurée», le travail d'interprète oral comporte manifestement des mouvements allant au-delà de ce que l'on peut qualifier de normal ou d'habituel. Enfin, si certains auteurs voient dans l'ouverture excessive de la bouche, comme lors d'un traitement dentaire sous anesthésie, la cause du syndrome temporomandibulaire, il s'agit là d'un traumatisme unique alors que la travailleuse subit des microtraumatismes pouvant aussi entraîner ce syndrome selon les mêmes auteurs. Maladie reconnue: Caron et Commission scolaire Sorel-Tracy, 122464-05-9908, 01-02-14, M. Allard, (00LP-158).

Syndrome du tunnel tarsien

Syndrome du tunnel tarsien bilatéral. Couturière. Travail exercé debout sur une série de machines à coudre. Aucune étude scientifique n'établit la relation entre le syndrome et le travail. Il faut alors examiner les faits pour tenir compte des facteurs étiologiques, notamment l'intensité, la durée et le temps d'exposition à un travail, susceptibles d'engendrer une compression du nerf tibial postérieur situé à la partie postéro-interne du pied. Le travail n'a été effectué que quelques mois par année et il ne comportait pas suffisamment de pression, d'intensité et de temps d'exposition nécessaires aux membres inférieurs pour causer une compression du nerf tibial postérieur ou même aggraver la condition personnelle. De plus, la symptomatologie est demeurée après l'intervention chirurgicale, ce qui tend à démontrer l'origine personnelle du syndrome. Maladie non reconnue: Alfieri et Christina Canada inc., [1998] C.L.P. 1248.